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VINCENT BOILEAU-AUTIN – "Derrière la notion LGBT, il y a des combats humanistes"

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Écrit par Lepetitjournal Montreal
Publié le 23 mai 2017, mis à jour le 23 mai 2017

Ardent défenseur de la cause Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres(LGBT) Vincent Boileau-Autin et son compagnon furent les premiers mariés homosexuels de France en 2013. Ce militant actif a décidé de se présenter à la députation de la première circonscription des Français de l'étranger, prônant avant tout une « candidature totalement citoyenne ». Interview. 

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour vous présenter à l'élection?

Vincent Boileau Autin : Mon parcours est très simple. J'ai été un militant très actif sur les droits humains et en particulier sur les populations LGBT. Ça fait plus d'une décennie que je me bats pour instaurer l'égalité en France, et il est arrivé un moment, comme dans toute vie, où on pense être à la croisée des chemins. Où l'envie de s'investir de manière beaucoup plus importante au service de l'intérêt général se fait ressentir. C'est une réflexion que j'ai depuis maintenant plus d'un an et à un moment cela s'est presque posé comme une évidence et j'ai choisi de franchir le Rubicon.

Un Rubicon que j'ai franchi aux Etats-Unis et au Canada, parce que ce sont deux territoires que je connais très bien. Mon époux, Bruno a eu une opportunité professionnelle au Canada, et nous nous sommes installés de manière permanente à Montréal en octobre dernier.

Il y a un vrai attachement de c?ur pour ce pays et cette région qui nous plaisent et qui représentent un peu notre couple et notre amour : c'est le pays où on avait fait notre voyage de noce.

À partir du moment où on a emménagé ici, mon désir de m'investir pour l'intérêt général s'est manifesté et j'ai fini par être candidat sur cette circonscription. 

Se présenter sous la bannière Lesbiennes, Gay, Bisexuels, Transgenres (LGBT) ne pourrait-il pas être un risque de tomber dans une certaine forme de communautarisme ? 

L'étiquette LGBT, c'est surtout celle que me donnent les médias du fait de mon engagement militant qui est extrêmement public et de mon mariage. (Vincent Boileau-Autin et son compagnon ont été le premier couple de même sexe à se marier en France le 29 mai 2013, ndlr). Ma personnalité, mes idées, et mes motivations ne se limitent pas à la question LGBT. Cela étant dit, je n'ai pas honte de cette étiquette, bien au contraire. Derrière la notion LGBT, il y a des combats humanistes. Et lorsqu'on mène des combats humanistes, finalement ils sont les mêmes pour tout le monde, donc je n'ai pas à rougir de cet engagement.

Il est certain que mon investissement et mon mariage sont la garantie pour les LGBT que leurs droits seront âprement défendus, j'en suis le premier dépositaire.

Et comment comptez-vous mener votre action auprès des Français de l'étranger ?

La première chose, que je voudrais dire c'est que cette candidature est totalement citoyenne, et en dehors de tout mouvement.

On a tous assisté à l'élection présidentielle. On a vu Emmanuel Macron devenir président de la République et, au-delà de l'homme et de son programme, ce vote a signifié l'envie profonde des Français d'aller vers un peu plus de société civile, pour une meilleure représentation de la diversité française.

Je considère qu'on ne va toujours pas suffisamment loin. Oui, il y a sans doute des prémices d'émergence citoyenne mais il y a surtout, dans le nouveau gouvernement par exemple, beaucoup de vieux briscards de la politique. En quoi seraient-ils capables de faire demain ce qu'ils n'ont pas été capables de faire hier ?

Avec Élodie (Brun-Mandon, sa colistière, ndlr) on est vraiment des citoyens de la vraie vie. On connaît et on a vécu les mêmes galères. On a les mêmes préoccupations, les mêmes priorités que n'importe quel français de l'étranger. Et qui mieux que des citoyens pour représenter d'autres citoyens ?

L'idée avec nos futurs électeurs c'est de restaurer la notion collaborative. C'est d'être dans une dynamique de consultation lorsqu'il s'agit de se rendre à l'Assemblée nationale et de voter des projets de lois.

Nous mettrons en place quand nous serons élus une plateforme de consultation en ligne, en particulier pour les projets de lois dont on considère qu'ils auront un impact sur la société de demain.

Cette plateforme en ligne nous permettra de garder un lien permanent avec les citoyens. Nous respecterons leur position au-delà de nos propres recommandations, et surtout en toute indépendance.

Quelles sont vos  propositions parmi les problématiques concernant les Français vivant à l'étranger ?

Il y en a une qui me tient particulièrement à c?ur, elle est axée sur le progrès démocratique.Aujourd'hui pour l'élection à la députation, on fait campagne à deux. Il y a un titulaire et un suppléant. On est élu à deux mais lorsqu'on est élu le suppléant retourne à l'anonymat d'une certaine manière.

Or nous travaillons vraiment comme un binôme. La législation ne nous le permet pas mais l'idée c'est de porter une co-candidature, de faire en sorte que demain nous puissions siéger à deux, évidemment par alternance, et avec une indemnité qui soit divisée par deux. Ça implique qu'il y ait toujours un député sur le territoire et toujours un député à l'Assemblée nationale et on en finit avec un Parlement clairsemé et quasiment vide

Cette fonction de député, un certain nombre la briguent pour des raisons purement pécuniaires, parce que c'est confortable et donc ça bloque aussi le renouvellement de la classe politique. Un binôme veut dire, dans la mesure où la parité est obligatoire en France, qu'autant d'hommes ou de femmes pourront siéger à l'Assemblée nationale.

Il faut aussi instaurer une vraie une parité société civile / professionnels de la politique.

Mais pour que des gens de la société civile puissent émerger il faut aussi leur permettre d'être élu, or mener campagne coûte cher. Il faut trouver des solutions de financement.

Quel bilan dressez-vous du mandat du député sortant ? Sur quel(s) plan(s) auriez-vous agi différemment ? 

Si j'hume l'air du temps, M. Lefebvre c'est comme Casper le fantôme : élu, disparu et revenu il y a 4 mois. Finalement, sans même parler de projets ni de mesures, j'ai envie de dire que c'est le poids du silence pour ses électeurs. Il les a abandonnés au lendemain de son élection. Je considère que M.Lefebvre n'a pas été un bon député. Il aurait sans doute gagné à tourner la page et à viser une circonscription plus proche de lui ?
Notre candidature c'est aussi en finir avec ce genre de pratiques. 

Quelle sera votre attitude à l'égard du nouveau Président ?

Notre campagne est un trait d'union entre la France et le territoire nord américain ça suppose que demain on sera capable d'être un trait d'union aussi avec les différentes majorités. Ça suppose de voter en notre âme et conscience, et encore une fois par le biais de la consultation de nos électeurs, on sera capable de discuter avec tout le monde et de soutenir des projets de lois qui nous paraissent pertinents pour notre pays et pour les Français de l'étranger. On ne se retrouvera pas pris au piège d'un groupe parlementaire quel qu'il soit.
On ne sera dans l'opposition de personne mais on ne sera dans la majorité de personne non plus. Nous serons libres. 

Propos recueillis pas Noémie Choimet (www.lepetitjournal.com) mardi 23 mai 2017.

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Publié le 23 mai 2017, mis à jour le 23 mai 2017

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