Elections législatives. Europe du nord. Quinze candidats se sont déclarés dans la troisième circonscription d'Europe du nord et briguent le mandat de député des Français établis hors de France. Qui sont-ils ? Que défendent-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Toutes les réponses ici grâce aux portraits des candidats dressés par la rédaction.
Pouvez-vous, en quelques lignes, vous présenter ?
Je suis une femme engagée, mue par la volonté de mettre en adéquation mes actions avec l'idée que je me suis forgée d'une société meilleure et d'un monde plus juste. Je suis juriste de formation. J'ai grandi au Québec d'un père canadien et d'une mère française. Binationale, biculturelle, j'ai trois jeunes enfants que j'essaie d'élever dans le même esprit d'ouverture à l'Europe et au monde. Etre mère et faire de la politique, c'est, encore en 2017, un défi de tous les jours? que je tente de relever pour les générations futures. On me décrit comme sincère, sans langue de bois, dynamique, déterminée, et dotée d'un certain courage politique. Chose certaine : j'aime bouger les lignes.
Quel est votre ancrage local, résidez-vous ou avez-vous habité dans l'un des 10 pays de la circonscription ?
J'ai passé les trois quarts de ma vie à l'étranger. J'ai fait mon nid à Londres pendant près de quinze années, rencontré des amis, travaillé dans plusieurs métiers, et mes enfants se décrivent comme des Londoniens. Mais la 3e circonscription, c'est aussi toute l'Europe du Nord. J'ai eu le bonheur de découvrir les Britanniques, retrouvé la culture nordique en Scandinavie, un peu du Québec en Ecosse, un lien historique fort avec l'Irlande, les si fortes spécificités des Baltes? J'adhère beaucoup aux valeurs des pays nordiques, je connais parfaitement les problématiques qui touchent mes concitoyens dans cette circonscription que j'arpente depuis maintenant sept ans. Mon écoute est empathique et mon action plus efficace.
Quel mandat avez-vous actuellement? ou avez-vous eu ?
Je suis députée de la 3e circonscription des Français établis hors de France. C'est le premier mandat politique que j'exerce, et je me présente pour une seconde et dernière fois. J'ai été membre du gouvernement en qualité de Secrétaire d'Etat au numérique et à l'innovation d'avril 2014 à février 2017. Mon suppléant Christophe Premat m'a remplacé comme député avec dévouement et professionnalisme pendant cette période.
Vous êtes issu(e) de la société civile, dans quel secteur travaillez-vous ? Ou quel(s) métiers avez-vous exercé ?
J'ai travaillé comme juriste en cabinet d'avocats spécialiste de contentieux international, comme enseignante et chercheure à l'université en droit européen et droits de l'homme, et comme collaboratrice à la Chambre des Communes, au Palais de Westminster, auprès d'un député britannique travailliste. D'où mon attachement au parlementarisme et aux droits humains?
J'ai aussi vécu la difficulté de construire un parcours professionnel à l'étranger, fait de reconnaissance complexe des diplômes et des acquis professionnels, et d'éloignement de la cellule familiale. D'où mon souhait de contribuer à construire l'Europe de la mobilité humaine et pas du seul marché?
Quels sont les moteurs de votre candidature et raisons de votre engagement ?
Mon moteur, c'est essayer d'aider mon prochain et agir pour le progrès pour tous. La raison de cette candidature ? L'émergence du contexte géopolitique actuel : Brexit, élection de Donald Trump, montée des extrémismes en Europe, tentations du repli et de l'intolérance? J'ai considéré qu'il valait la peine de continuer à s'engager pour affirmer un programme politique exactement inverse, celui qui me plaît dans les sociétés nordiques : un modèle de solidarité, de justice sociale, de transition écologique, le pari de l'innovation, la libération des énergies entrepreneuriales, la confiance dans la jeunesse? et la construction de l'Europe. Nous vivons dans un monde économiquement ouvert, mais aux frontières sociales, culturelles, administratives, mentales, politiques? fermées. Je veux rendre à la politique ses lettres de noblesse, donner un visage humain aux négociations du Brexit, faire entendre une parole raisonnable, concertée, nuancée, compréhensive. Je serai cette ?Madame Brexit? au Parlement français, chargée d'assurer que les Français au Royaume-Uni n'aient pas à souffrir des conséquences d'un référendum dans lequel ils n'ont pas eu leur mot à dire.
Vous serez notamment l'élu(e) présent(e) pour accompagner le Brexit et la sortie du pays de l'EU. Sur quels relais, soutiens, réseaux pouvez-vous compter ici ?
Si je suis réélue, le Brexit occupera une très large partie de mon temps de députée. Le défi est important, mais je suis prête à le relever. Je suis la candidate avec la meilleure expérience et les meilleurs relais pour y parvenir ! J'ai d'ailleurs choisi mon suppléant, Matthieu Pinard, qui a accepté de m'accompagner dans cette élection, car (outre ses grandes qualités humaines et professionnelles !) il habite en Norvège et que son témoignage de résident dans un pays ?tiers? à l'Union européenne, dont le modèle tente le gouvernement britannique, sera précieux. Je mènerai une stratégie globale pour contribuer à rendre le Brexit le plus indolore possible pour les ressortissants français au Royaume-Uni, le plus « smart » possible (en contraste avec « hard » ou « soft ») pour les acteurs économiques, et le moins impactant possible pour le projet européen. Avec des objectifs, des outils, des financements, et un calendrier.
Dans le déploiement de cette stratégie, je m'appuierai sur les relais politiques au Royaume-Uni, de manière transpartisane, en travaillant avec les leaders politiques les plus investis sur le sujet de la défense des citoyens européens. Je connais déjà plusieurs parlementaires et membres du gouvernement actuel, et mon expérience professionnelle à la Chambre des Communes ainsi que les liens que j'ai tissés en tant que députée puis ministre, me seront très utile.
Il sera important d'étendre cet engagement aux problématiques de l'Ecosse, de l'Irlande du Nord et du Pays de Galles.
La force des outils numériques est aussi de pouvoir mieux inclure la société civile dans les discussions politiques. Je l'ai expérimentée au gouvernement en co-construisant la loi pour une République numérique que j'ai défendue avec les citoyens. Depuis l'Assemblée nationale, au sein de la commission parlementaire dédiée au Brexit, je créerai une plateforme politique au nom du Parlement français, - la Brexitool Box -, pour vous donner la parole, suivre les négociations en transparence, recueillir les témoignages de mes concitoyens, relayer l'information authentique.
Mais le député ne servira à rien si il n'est pas entendu en France. Mon ancien collègue Jean-Yves Le Drian, nouveau Ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sait qu'il pourra compter sur moi pour travailler en bonne entente et de manière constructive avec lui et Marielle de Sarnez sur le sujet. Ma connaissance des institutions politiques et administratives françaises, notamment le Secrétariat Général aux Affaires Européennes rattaché à Matignon, en charge du suivi des négociations pour le gouvernement français, sera un atout précieux pour aller au plus vite et être opérationnelle dans un laps de temps limité.
Mais au final, c'est à Bruxelles (et à Strasbourg, avec les députés européens !) que se jouera l'issue des négociations? C'est la raison pour laquelle j'ai assuré le négociateur en chef chargé du Brexit, Michel Barnier de ma collaboration entière dans sa volonté d'ériger en priorité absolue le sujet des ressortissants européens. Ma connaissance des institutions de Bruxelles, à commencer par la Commission et ses Commissaires, sera là aussi un plus indéniable pour savoir à quelle porte frapper pour être entendue.
Un mot d'ordre dictera mon travail, celui de la transparence des négociations, seule garantie permettant de conférer une dimension citoyenne et humaine aux grands rendez-vous diplomatiques des mois à venir. Je travaillerai donc avec l'ensemble des partenaires engagés pour m'assurer que les citoyens concernés des deux côtés de la Manche soient traités de manière juste et équitable, dans le respect des droits acquis.
Elu(e) à l'assemblée nationale, ferez-vous partie de la majorité gouvernementale ou de l'opposition ?
Je ferai partie de la majorité parlementaire, que j'espère plurielle. Je souhaite au Président de la République Emmanuel Macron et au nouveau gouvernement de réussir, pour la réussite de la France et le bien-être de mes concitoyens. Mais avec l'abstention forte, avec la colère sociale, la montée des extrêmes et une opposition farouche à attendre au parlement, je sais que l'exécutif devra s'appuyer sur des parlementaires expérimentés qui partagent la volonté de rassembler notre pays et savent dépasser la seule logique partisane. Je ne renierai donc pas mes convictions politiques, solidement ancrées dans la social-démocratie européenne, le choix de l'exigence écologique, du renouvellement démocratique, de la protection sociale pour tous. J'aimerais faire partie de la Commission des Finances, ou de celle du Développement durable. Élue députée, il m'importera de construire plutôt que d'obstruer mais avec beaucoup de vigilance pour que les actions à venir ne soient pas des reculs. Avouons qu'il serait dommage de marcher ? à reculons.
Dans les 10 pays de la circonscription, pouvez-vous citer trois problématiques ou sujets particulièrement importants (hors Brexit) sur lesquels vous serez amené(e) à vous investir ?
L'innovation dans les services publics, notamment les réseaux consulaires à l'étranger, pour que la dématérialisation de procédures aille de pair avec efficacité, mais aussi proximité et personnalisation. Je travaillerai sur des chantiers en devenir, tel celui des bornes numériques. Je ferai de l'expérimentation démocratique en continu (jurys citoyens, conférences citoyennes, votes électroniques) pour renforcer le dialogue avec mes concitoyens et restaurer la confiance dans l'action politique.
L'éducation en français et du français pour tous, avec le soutien continu et amplifié aux FLAM partout dans la circonscription, l'amélioration de l'accueil des enfants à besoins éducatifs particuliers dans le réseau scolaire de l'AEFE, la mise en place d'un observatoire régional des frais de scolarité dans les établissements du réseau de l'AEFE, et le lancement de l'Ecole Numérique française à l'étranger.
L'écologie et l'urgence de définir une réponse européenne globale pour construire un nouveau modèle de développement, en observant les meilleures pratiques des pays de la circonscription, notamment autour des villes intelligentes, en siégeant à la Commission du développement durable, en encourageant les entreprises innovantes de la green tech et les initiatives de la finance verte.
9.Pour conclure, merci de donner 5 mots clés qui résument votre motivation et votre détermination
Convictions, Compétence, Europe citoyenne, Justice sociale, Innovation pour tous.
A Londres, Dublin et Stockholm, toutes les équipes du site LePetitJournal.com se mobilisent autour des Législatives de la 3e circonscription d'Europe du Nord. Suivez-nous et vivez en direct sur Facebook live les deux débats organisés dans la capitale britannique les 23 mai et 13 juin à 19h au King's College.
Consultez les portraits des autres candidats ici.
Antoine Engels (www.lepetitjournal.com/londres), le 23 mai 2017