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« Cela fait plus d’un an maintenant que nous travaillons à distance »

Plus d’un an sans école en présentielPlus d’un an sans école en présentiel
@ Dids- Pexels
Écrit par Le Petit Journal LIMA
Publié le 30 avril 2021, mis à jour le 1 mai 2021

Depuis le 12 mars 2020, les écoles du Pérou sont fermées. Élèves et professeurs sont contraints à l’enseignement virtuel. Deux professeures du Lycée français de Lima, le “Franco Peruano”, témoignent.

 

« Au départ, les conditions de travail étaient vraiment très difficiles »

L’adaptation a été très difficile car nous manquions d’organisation, d’outils informatiques, de directives précises et de formations. La situation était inédite pour tou.te.s. Au départ, nous passions notre temps à traiter des mails (dont le nombre a augmenté de façon exponentielle), à refaire nos cours pour nous adapter au distanciel et à corriger tous les devoirs de chacun de nos élèves…

Nous adorons notre métier et nous l’avons choisi essentiellement pour le contact avec nos élèves et d’un coup, on nous enlevait l’essence même de notre profession

Certains de nos collègues l’ont très mal vécu, d’autant que nous faisions cours avec toutes les caméras des élèves éteintes et quasiment sans interaction avec nos élèves.

Après quelques temps, quand nous avons compris que cette situation s’installait sur le long terme, le lycée s’est mieux organisé et nos conditions de travail se sont améliorées : nouveaux outils numériques, offre de formations pour les utiliser, obligation d’allumer les caméras, emplois du temps aménagés…

 

« Désormais, nous apprécions la qualité de vie que nous offre l’enseignement à distance »

Désormais, nous avons retrouvé un rythme, un contact plus « chaleureux » avec nos élèves qui interagissent plus facilement. Nous apprécions aujourd’hui la qualité de vie que nous offre l’enseignement à distance : le temps gagné sur les transports, notre liberté de déplacement, un environnement de travail calme et serein.

Si nous devions faire un bilan après plus an d’un d’enseignement à distance, nous pourrions estimer qu’il est une réussite pour les élèves qui jouent le jeu de l’école à la maison (présence aux visios, participation, devoirs rendus…). Ils ont gagné en autonomie, en organisation (ce qui était un point faible de nos élèves en général) et dans l’utilisation du numérique. Néanmoins, pour les élèves décrocheurs, le suivi est encore plus difficile et l’impact de l’enseignement à distance est très négatif ; ces élèves prétextent des problèmes de connexion pour ne pas assister aux visios, ne pas allumer leur caméra ou ne pas nous répondre. Les inégalités entre les élèves se creusent.

 

Un retour à l’enseignement présentiel sous conditions !

Le retour au lycée pour ma part est envisageable si et seulement si, on nous propose de travailler dans de bonnes conditions sanitaires, que cela ne signifie pas une surcharge de travail pour gérer, en plus de nos élèves présents au lycée, des élèves qui ne pourraient assister aux cours en raison d’une limitation de la capacité d’accueil ou d’un problème de santé. Je serai néanmoins heureuse de pouvoir retrouver ma salle de classe, pouvoir interagir avec mes élèves, pouvoir les motiver plus facilement, rire avec eux, faire mon spectacle lorsque je raconte certaines anecdotes, retrouver le côté théâtral de mon métier que j’aime tant et que j’ai perdu depuis que je fais cours, assise, derrière mon ordinateur.

 

Se réinventer pour accueillir à nouveau les élèves !

J’ai choisi l’enseignement pour les valeurs de ce métier, la transmission, le partage. Au début de ma carrière j’ai souffert de la posture frontale du professeur face aux élèves, de la violence de certaines confrontations, du bruit, des insultes. De nature réservée et calme, je rêvais de travailler dans un bureau, je rêvais de silence. L’enseignement à distance est pour moi une respiration, une apesanteur agréable et ressourçante. Aujourd’hui, j’ai la grande chance de travailler dans un lycée français à l’étranger, ou les conditions de travail sont excellentes, avec des petits groupes par classe et où l’on peut construire une relation privilégiée avec nos élèves. Je n’appréhende pas le retour en présentiel, mais je pense que les collèges et lycées doivent se réinventer, se moderniser. La distribution rigide des tables, la posture statique des élèves, la pauvreté des infrastructures me paraissent anachroniques dans la société actuelle. Quand, au siècle du numérique, l’enseignement est encore à la craie, il est temps que l’école se repense.

 

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