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La Turquie se veut toujours médiatrice pour la paix entre la Russie et l'Ukraine

Le vendredi 8 mars 2024, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est déplacé à Istanbul. Cette visite officielle d’une journée a débuté aux chantiers navals de Tuzla avant une rencontre avec plusieurs hauts dignitaires du secteur militaro-industriel turc. En point d’orgue, Volodymyr Zelenski a été reçu au Palais de Dolmabahçe par Recep Tayyip Erdoğan. Leur dernière rencontre remontait au 7 juillet 2023. Cette visite a montré que la Turquie se positionne toujours dans une dynamique médiatrice dans ce conflit qui dure depuis plus de deux ans.

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©Anadolu Ajansı
Écrit par Valentin Ollier
Publié le 20 mars 2024, mis à jour le 25 mars 2024

La visite du président ukrainien est intervenue alors que l’Union Européenne peine à fournir le matériel militaire nécessaire permettant à l’Ukraine de se défendre. Début mars, Kiev et ses alliés se sont résolus à demander de l’aide de pays hors UE dans le but d’acquérir un réapprovisionnement de 800 000 munitions et obus.

Si la Turquie entretien des liens étroits avec la Russie, celle-ci s’est montrée ferme face à la violation de la souveraineté ukrainienne dès février 2022. L’État turc n’a également jamais reconnu l’annexion de la Crimée en 2014. Forte de son contrôle sur le détroit du Bosphore, point stratégique pour les exportations de la Russie et de l’Europe de l’Est, la Turquie est un acteur clé dans la médiation du conflit russo-ukrainien.

Nouvelle rencontre entre les présidents Erdoğan et Zelensky

Lors de cette rencontre, le président turc a réaffirmé son soutien au rétablissement de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Recep Tayyip Erdoğan a aussi adhéré au plan de paix en 10 points que Volodymyr Zelensky avait présenté au G20 en novembre 2022. La Turquie maintient sa proposition de conduire de nouvelles négociations entre les deux belligérants, comme elle l’a déjà fait à deux reprises.

Sur le plan militaire, l’armée turque est prête à fournir des obus de 155mm dans le cadre de la plate-forme d’achat mise en place par les alliés européens. La visite des chantiers navals de Tuzla était par ailleurs l’occasion de suivre la construction de navires de guerre destinés à la marine ukrainienne.

Un rapprochement avec les alliés occidentaux

Tout en veillant à ménager son homologue russe, le président Erdoğan affiche désormais sa volonté de se rapprocher diplomatiquement du camp occidental. En parallèle de la visite de Volodymyr Zelensky, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, était à Washington. Symbole d’accalmie après plusieurs années de tensions, ce déplacement marque un tournant dans les relations turco-étasuniennes.

En janvier dernier, après un an et demi de blocage, la Turquie a ratifié l’entrée de la Suède dans l’OTAN. À la suite de cette ratification, les États-Unis ont autorisé la vente de 40 avions de chasse F-16 et de 79 kits de modernisation pour la flotte aérienne turque. Les sanctions militaires qui pesaient sur la Turquie depuis son intention d’acquérir le système antimissile russe S-400 en 2019 ont également été levées.

Dans le même temps, la diplomatie turque s’est rapprochée de deux de ses voisins européens, la Bulgarie et la Roumanie, au sein du groupe naval MCM Black Sea, qui lutte contre les mines flottantes et dérivantes au sein de la mer Noire et sécurise l’exportation des céréales ukrainiennes.

MCM Black Sea a été créé en août 2023 suite au refus russe de prolonger l’accord céréalier instaurant un corridor maritime permettant l’exportation sans danger des céréales ukrainiennes. Signé le 22 juillet 2022 sous égide de la Turquie et de l’ONU, cet accord avait été rompu par les Russes le 21 juillet 2023.

La Turquie se positionne toujours en médiatrice  

Si la Turquie a condamné l’intervention russe en Ukraine, elle n’a pas rompu ses relations avec la Russie qui demeure pour elle un partenaire international majeur pour ses besoins en énergie. Le refus d’appliquer les sanctions occidentales contre Vladimir Poutine marque la volonté de Recep Tayyip Erdoğan de s’affirmer hors de l’influence étasunienne.

Pour autant, la Turquie ne néglige pas ses partenariats avec l’Ukraine. Ce qui était, déjà avant la guerre, un moyen de s’affirmer cette fois-ci hors de l’influence russe en mer Noire. En 2021, les échanges commerciaux entre les deux pays étaient de plus de sept milliards de dollars, et concernait des ressources céréalières mais aussi militaires. Depuis le début de la guerre, l’armée ukrainienne s’est dotée de plusieurs dizaines de drones TB2 Bayraktar, fournis par l’entreprise turque Baykar.

Par ce jeu d’équilibrisme, la Turquie se positionne depuis plus de deux ans comme médiatrice du conflit russo-ukrainien. Dès le 10 mars 2022, c’était à l’initiative du président Erdoğan qu’un premier sommet tripartite avait pu être organisé : il s’agissait là du premier face à face entre Moscou et Kiev depuis le début des hostilités. Et c'est toujours dans cette même logique qu'elle a proposé l'organisation d'un sommet pour la paix entre la Russie et l'Ukraine dans le cadre de la visite du président Zelensky. Proposition qu’elle vient de réitérer à l’occasion de la réélection de Vladimir Poutine à la présidence de la fédération de Russie.  

 

 

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