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Getir, touchée mais pas coulée, se recentre sur la Turquie

La société turque de livraison rapide, créée par l’entrepreneur turc Nazım Salur en 2015 (également fondateur de la société BiTaksi), vient de mettre la clé sous la porte aux Etats-Unis ainsi qu’en Europe. Retour sur les désillusions d’un projet aux ambitions internationales.

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Écrit par Pauline Sorain
Publié le 5 mai 2024, mis à jour le 9 mai 2024

Une aventure qui commence en 2015

Getir, ("apporter" en turc) est une entreprise de livraison rapide de courses à domicile, née à Istanbul en 2015. Comment ça marche ? La société dispose de nombreux "dark stores" (lieux destinés exclusivement au stockage) éparpillés dans toute la ville, permettant aux coursiers d’arriver au pas de notre porte en seulement quelques minutes.

Ce concept, dans une ville comme Istanbul ayant un rapport tout particulier au service, a très vite fonctionné et notamment pendant la période de Covid-19, qui a vu l’activité de ce géant de la livraison décupler. L’offre s’est progressivement étoffée et la couverture géographique de Getir s’est étendue à d’autres villes de Turquie.

Ce qu’on appelle le "quick commerce", a donc bénéficié du contexte pandémique, avec la création de nombreuses autres entreprises comme Gorillas et Flink (toutes les deux créées en 2020 en Allemagne. Gorillas ayant ensuite été rachetée par Getir en 2022), ou encore Cajoo (créée en France en 2021, puis rachetée en 2022 par Flink).

C’est dans ce contexte qu’en 2021, Getir, portée par une levée de fonds de près de 5 milliards de dollars, tente l’aventure aux Etats-Unis et en Europe (en Angleterre, aux Pays Bas, en Allemagne, en France, en Italie, en Espagne et au Portugal).

 

Getir

 

Un modèle économique victime de l’après-covid, de l’inflation et d’une législation devenue plus contraignante

Malgré l’engouement, le marché du "quick commerce" se grippe rapidement, et, après avoir surfé sur la vague Covid-19 et caressé l’espoir d’une révolution, Getir enchaîne rapidement les déboires.

La première désillusion arrive en France, où un environnement juridique complexe et contraignant met rapidement fin aux rêves de la société. En effet, en mars 2023, le gouvernement a décrété que les "dark stores", étaient considérés comme des entrepôts et non des commerces, entraînant une nouvelle législation et permettant ainsi aux mairies de contrôler leur multiplication dans les centres-villes. Plus question pour eux de prendre la place d’anciens commerces dans les villes où le plan local d’urbanisme interdit les lieux de stockage.

Placée en redressement judiciaire début 2023, Getir jette l’éponge et met fin à ses activités en France le 31 juillet 2023 moins de 2 ans après son arrivée sur ce marché avec 200 millions d’euros de dettes et quelques 1700 employés licenciés. Ses implantations en Espagne, en Italie et au Portugal prennent le même chemin.

Moins d’un an plus tard, le 29 avril 2024, ce sont ses implantations aux États-Unis, en Allemagne, aux Pays Bas et au Royaume-Uni auxquelles l’entreprise annonce renoncer.

 

 

Un renoncement qui intervient quelques jours après le vote d’une directive européenne introduisant une présomption de salariat au bénéfice des nombreux livreurs travaillant pour ces plateformes. En effet, ces derniers ont le plus souvent un statut de travailleur indépendant qui les prive des avantages sociaux liés au salariat.

Malgré ces importants déboires, Getir est parvenue à lever un financement (beaucoup plus modeste que celui qu’elle espérait), qu’elle a annoncé utiliser pour se recentrer sur sa compétitivité en Turquie.

Le 29 avril dernier, elle a ainsi déclaré se concentrer dorénavant sur le marché turc qui semble lui offrir le plus grand potentiel de croissance durable à long terme.

 

 

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