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COMPTE-RENDU – Mathias Enard raconte “Parle leur de batailles, de rois et d’éléphants” à Istanbul

L'écrivain Mathias Enard, auteur du succès de librairie "Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants" était mardi soir l'invité de l'Institut français d'Istanbul. Face à ses lecteurs stambouliotes, il a délivré quelques vérités

Mathias Enard livreMathias Enard livre
Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 19 mai 2011, mis à jour le 22 avril 2024

Mathias Enard a d'abord avoué qu'il n'est pas venu à Istanbul dans le cadre de l'écriture de son livre. Il raconte qu'il avait envisagé de le faire pour mesurer la largeur de la Corne d'or à l'endroit où le fameux pont souhaité par le sultan (et pour lequel Leonard de Vinci a vraiment fait un projet) devait être construit. Finalement, Google Earth et son outil de mesure étaient venus à sa rescousse.

Précisons néanmoins que Mathias Enard est un amoureux d'Istanbul et il y est venu maintes fois dans le passé. Comment expliquer sinon que quelques lignes figurant dans une biographie de Michel-Ange et évoquant une invitation du sultan Beyazit adressée à l'artiste n'aient attiré son attention ?

Michel-Ange ? A Constantinople ? Mais pour quoi faire ? Ce fut le point de départ de l'écheveau de questions et de recherches qui s'est déroulé pendant trois ans et qui a conduit, après plusieurs essais d'écritures à Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.

Michel-Ange à Constantinople ? Ça reste à prouver ...

Autre vérité que nous avons entendu ce soir là: il est peu probable en réalité que Michel-Ange se soit rendu à Constantinople ; d'après les historiens, "ça se saurait !". Effectivement aucune trace d'un tel périple dans des archives, mais le célèbre sculpteur a néanmoins signé l'un de ses poèmes Michelangelo in turquia. Quant à une éventuelle influence orientale dans l'oeuvre postérieure de Michel-Ange : toute interprétation est possible ! La seule certitude est qu'il a vraisemblablement vu les plans de Sainte-Sophie dont il s'est inspiré pour Saint Pierre de Rome.

Ce livre était donc un jeu : à partir d'un fait ténu, Mathias Enard a imaginé le voyage de Michel-Ange à Constantinople, les personnes qu'il y aurait rencontrées, les promenades qu'il y aurait faites, voire le pont qu'il aurait pu dessiner (si vous vous êtes fait abuser par le croquis à la fin du livre, ce n'est à l'origine qu'une petite illustration anonyme en marge d'un manuscrit ottoman que Mathias Enard a fait compléter et attribué à Michel-Ange pour les besoins de l'histoire...).

"Un jeu qui" , dit-il, "a fonctionné à plein car 80 % des journalistes français pensent que Michel-Ange est vraiment venu à Istanbul !". Un bon paquet de lecteurs aussi ...

"Qu'est ce qui vous a le plus surpris au cours de vos recherches ? ? a demandé l'un d'entre eux à Mathias Enard. "J'ai été frappé de constater à quel point les ottomans savaient au jour le jour ce qui se passait dans les autres contrées de l'époque comme la France, l'Espagne ou l'Italie. C'était vraiment une grande puissance !". "Et votre prochain livre ?"  interroge un autre. "Quelque chose qui a à voir avec le roman rural" répond cet auteur originaire de Niort "car je suis persuadé que la vie à la campagne ça peut être beaucoup plus exotique que tout ce que j'ai pu écrire jusqu'ici !".

Brigitte di Benedetto, jeudi 19 mai 2011.

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 19 mai 2011, mis à jour le 22 avril 2024

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