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Le Covid éradiqué de Chine?

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@unsplash/H Shaw
Écrit par Le Vent de la Chine
Publié le 12 octobre 2020, mis à jour le 19 octobre 2020

Cette année, les huit jours de congés du 1er au 8 octobre, combinant exceptionnellement la fête de la mi-automne et la fête nationale, ont permis de prendre la température de la vigueur de la relance économique post-Covid-19, mais aussi de l’efficacité de la stratégie sanitaire chinoise.

La relance économique post-Covid

Et les résultats sont encourageants sur les deux tableaux. Les ventes de détails et la restauration ont atteint les 1.600 milliards de yuans durant les vacances, 4,9% de plus que lors de la saison 2019. Une bonne nouvelle pour le gouvernement qui espère réorienter son économie en donnant la part belle à la consommation domestique.

Découragés de s’envoler à l’étranger, les Chinois se sont repliés sur des destinations locales, telles que Pékin, Shanghai, Chengdu, Canton, Xi’an, et même Wuhan, simplement munis sur leur smartphone de leur code QR de santé, laissant souvent leur masque dans leur sac. À Lhassa (Tibet), les réservations d’hôtels ont été multipliées par six, tandis qu’à Hainan, les ventes en duty-free ont plus que doublé par rapport à 2019. Habituellement plébiscitée, Hong Kong n’a pas vu l’ombre d’un visiteur venu du continent cette année, le Guangdong voisin exigeant que la RAS atteigne les zéro cas pour rouvrir la frontière aux touristes. Au total, 637 millions de voyages ont été enregistrés, générant 466,5 milliards de yuans de revenus. Cela représente une baisse respective de 21% et 30% par rapport à l’an dernier, reflétant une part non négligeable de foyers ayant choisi de ne pas voyager, par agoraphobie, incertitude économique ou par peur du virus…

Plus de transmission locale?

Officiellement, plus aucun cas de transmission locale n’avait été recensé depuis le 15 août. "Nous avons pratiquement stoppé la circulation du virus sur le territoire, voyager en Chine est donc sûr", commentait Wu Zunyou, épidémiologiste en chef au CDC. "Il faudra tout de même attendre une dizaine de jours après la fin des vacances pour s’assurer que le virus n’a pas circulé parmi les touristes", précisait-il. Et justement, le 12 octobre, 9 nouveaux cas ont été dépistés à Qingdao, apparemment liés à un hôpital chargé du traitement des malades venus de l’étranger… Deux semaines plus tôt dans la même ville, deux manutentionnaires de produits importés avaient testés positif à la Covid-19, sans montrer de symptômes. Les autorités avaient alors mis en œuvre leur arsenal habituel: traçage des contacts, confinement localisé, et dépistage par dizaines de milliers (plus de 178 000 tests réalisés en quelques jours). "La Chine doit rester sur ses gardes pour prévenir toute réintroduction du virus par des voyageurs internationaux ou des produits surgelés importés", avertissait Wu Zunyou. "L’idée est d’éteindre la flamme en moins d’un mois", ajoutait le Dr Zhang Wenhong. Pour ce qui est de la réouverture de la Chine sur le monde, "elle dépendra entièrement des vaccins qui devraient être disponibles d’ici un ou deux ans", précisait le médecin. Ils seront le gage d’un retour complet à la normale.

Vaccins chinois

A ce propos, après avoir longuement hésité, la Chine a finalement annoncé le 9 octobre, date butoir d’adhésion, être le 169ème pays à rejoindre COVAX. Cette initiative lancée par l’OMS vise à distribuer aux pays pauvres 2 millions de vaccins d’ici la fin de 2021 et à vacciner en priorité les personnels de santé et les travailleurs sociaux de chaque pays, soit 3% de leur population en moyenne. Une proportion amenée à évoluer à 20% une fois que les doses suffisantes seront disponibles.

Malgré le manque de détails sur les engagements chinois et la contribution financière consentie, la Chine tient donc sa promesse de faire d’un futur vaccin chinois un "bien de santé publique", en un saisissant contraste avec les Etats-Unis de Donald Trump qui préfèrent faire cavalier seul. Quatre vaccins chinois sont actuellement en dernière phase d’essais cliniques: celui de Sinopharm serait prêt d’ici la fin de l’année. Au total, la Chine aurait la capacité de produire 610 millions de doses d’ici fin 2020, et 1 milliard en 2021.

Avant de rejoindre COVAX, la Chine avait également promis d’envoyer des vaccins aux pays qui ont accueillis les essais cliniques chinois (Brésil, Serbie, Émirats Arabes Unis, Pakistan…), à certains de ses voisins (Philippines, Cambodge, Vietnam, Laos…) ainsi qu’à plusieurs nations africaines et sud-américaines – l’écrasante majorité de ces partenaires étant également bénéficiaires de l’initiative COVAX. Ce faisant, la Chine espère renforcer ses alliances diplomatiques, s’attirer la bienveillance, mais aussi améliorer sa réputation, au plus bas historique dans 9 des 14 pays sondés par l’institut Pew, dont les USA, l’Australie, le Canada, la Suède, l’Allemagne, l’Espagne et la Corée du Sud. Son image s’est également détériorée en France, avoisinant le niveau de 2008… C’est donc un coup de poker que tente la Chine, qui compte bien remporter la course mondiale au vaccin, concilier ses engagements COVAX avec ses promesses bilatérales, et surtout redorer son blason à l’international.

 

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