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Baptiste: "la communauté du street art de Hong Kong est soudée"

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Baptiste, fondateur de l'Epicerie Fine HK, dans la Stallerie à Wanchai
Écrit par Karine Yoakim Pasquier
Publié le 26 juillet 2020, mis à jour le 5 février 2024

Hong Kong est une ville célèbre pour ses musées, ses galeries, ses expositions mais si la majorité de ces lieux sont dédiés à des médiums classiques, un Français a décidé de mettre en avant un genre d’art plus atypique, moins connu et infiniment varié. Portrait de Baptiste Droniou, jeune entrepreneur passionné par l’art urbain.

Un jeune Français, à l’âme hongkongaise

C’est dans la Stallery, petite galerie colorée au cœur du quartier de Wanchai que m’accueille Baptiste. Avec sa voix calme et posée, il me fait pourtant plonger immédiatement dans le monde du street art, et de ses artistes.

Quand je demande à Baptiste d’où il vient, il hésite. "C’est une question à laquelle j’ai du mal à répondre", me dit-il. Malgré ses origines bretonnes et parisiennes, Baptiste porte en lui Hong Kong. Cet enfant d’expatriés a en effet passé sa jeunesse entre le Port aux Parfums et d’autres capitales asiatiques telles que Taipei ou Singapour.

Plongé dans le monde de l’art dès son plus jeune âge, son retour à Hong Kong et la création de sa galerie L’Epicerie Fine HK coulent de source. "Mes parents sont des collectionneurs. À chaque fois que nous voyagions, que nous visitions des pays, ils nous emmenaient voir des galeries, des ateliers d’artistes, des studios, des musées."

En 2008, Baptiste passe son bac au Lycée français de Hong Kong. Il est temps pour lui de partir étudier et c’est ainsi qu’il découvre enfin la France de ses origines, et surtout, qu’il fait connaissance avec quelque chose qu'il ignorait jusqu'alors : l’art urbain.

Paris, ou la découverte du street art

"Les graffitis, le street art, je n’en avais jamais vraiment vu à Hong Kong. Puis en arrivant en 2008 à Paris, dans le quartier Porte de la Chapelle, j’ai découvert ce mouvement artistique pour la première fois." Baptiste est subjugué. "J’ai trouvé ça sublime, avec toutes ces couleurs, ces volumes, ces tags!"

 

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Paris, un haut lieu de l'art urbain - Photo@Planecharterplanet - Pixabay

 

Le jeune homme creuse le sujet, s’intéresse, fouille un peu. "Je me suis rendu compte que l’art urbain, ça touchait à tout. Certains artistes utilisaient des techniques de collage, de pochoir, de céramique… il y avait de l’abstrait, des messages politiques, de la joie, des couleurs, du noir et blanc. C’était tellement diversifié que je me suis pris de passion pour ça."

Après ses études, Baptiste fait un apprentissage d’une année au service des expositions du Musée des Arts Décoratifs de Paris. "C’est une des plus belles expériences de ma vie. C’était touche-à-tout et ça m’a vraiment ouvert sur l’art au sens large. Cela m’a fait découvrir les objets d’art, les jouets, la mode… Je me suis rendu compte que l’art allait bien au-delà des tableaux classiques de mon enfance."

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par L'Epicerie Fine HK (@lepiceriefinehk) le

 

Mais, après six ans en France, Baptiste est nostalgique. Hong Kong lui manque. Il rentre donc et se fait embaucher dans une galerie australienne, où il y travaille pendant une année. Puis, le jeune homme se lance et décide de créer sa galerie : L’Épicerie Fine HK… un endroit atypique dédié à la promotion des arts urbains sous toutes leurs formes.

C’est avec son cousin, pendant ses études, qu’il en trouve le nom, qui mêle le terme Fine, toujours associé à l’art… et l’épicerie, un lieu où des produits de qualité sont vendus.

La naissance d’un projet

C’est en septembre 2016 que Baptiste lance sa première exposition mettant en lumière le street-artiste marseillais, Julien Raynaud, connu pour ses figures colorées et géométriques. "J’ai mis sur pied une première exposition, suivie par d’autres. Il y a eu des collaborations avec d’autres artistes, des collectifs. On a eu des projets… et voilà, cela fait déjà 4 ans et je suis ravi.", me dit le jeune entrepreneur le sourire aux lèvres.

Les premiers mois, tout n’est pas simple. Afin de subvenir à ses besoins, Baptiste est employé à temps partiel au Lycée français, où il a fait ses preuves. "C’est comme ça que j’ai pu lancer ma galerie, tout en ayant un salaire en parallèle."

Expositions, ventes, commissions murales, ou courtage, les activités sont variées. "L’un des projets les plus impressionnants sur lesquels j’ai travaillé est la décoration d'un mur de l’hôtel Travelodge, sur Hollywood Road."

 

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La façade décorée par l'artiste Stern Rockwell, sur Hollywood Road - Photo@L'épicerine Fine HK

 

À la demande de l’hôtel, Baptiste met en place une collaboration. Pendant six semaines, arrimé à des échafaudages en bambou, l’artiste Stern Rockwell repeint totalement la façade, lui donnant un autre visage. Le résultat est spectaculaire.

Une galerie sans murs

À la base, la galerie ne devait pas avoir de murs ni de lieux fixes : "Initialement, je voulais faire des expositions dans divers quartiers de Hong Kong. Je l’ai fait trois fois, pour mes trois premières expositions, jusqu’à ce que je rencontre Ernest Chang, le directeur de la Stallery."

Le courant passe immédiatement entre le jeune Français et cet artiste contemporain hongkongais. Ensemble, ils montent une exposition en juin 2018, présentant cinq artistes français et cinq artistes locaux. Ce sera la première d’une longue série.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Depuis, Baptiste s’est installé à la Stallery et collabore activement avec cet artiste emblématique de la scène hongkongaise.

Bao, Tim Marsh, Le Cyklop, et bien d’autres

Depuis, Baptiste travaille avec de nombreux artistes : Ardif, Bao, Boms, Ender, Goddog, Jo Di Bona, Le Cyklop, Leyto, Romain Froquet, Tim Marsh, pour ne citer qu’eux. La liste est longue. "Pour la plupart, ce sont des artistes qui ont débuté dans les années fin 80-90 en France en faisant du graffiti."

 

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Lors de sa venue à Hong Kong, l'artiste Tim Marsch a décoré un mur proche de la maison bleue - Photo@L'Epicerie Fine HK

 

Baptiste les découvre peu à peu, à Paris pour beaucoup, lors d’expositions, de ventes aux enchères. Mais il en trouve d’autres en lisant la presse spécialisée ou même en fouillant sur Instagram. "Ce qui est génial, c’est que depuis deux ans, des street artistes comme Kaws, explosent sur le marché de l’art. Il y a une nouvelle génération de collectionneurs à qui ça parle. Et ça prend de plus en plus d’importance… C’est notamment le cas à Hong Kong!"

La scène street art hongkongaise

"Les artistes hongkongais ont, en général, deux profils distincts: il y en a beaucoup qui viennent du graffiti, tandis que certains viennent du design et d’écoles d’art." Mais, malgré ces deux parcours différents, la communauté du street art hongkongaise est soudée. De par sa taille, les artistes se connaissent entre eux, se soutiennent, collaborent, ce qui permet notamment à Baptiste d’en rencontrer un grand nombre via le réseautage. Alors que les artistes français sont souvent établis, la scène hongkongaise est plus jeune.

"Malgré le fait que Hong Kong soit la troisième plateforme connue en termes de vente d’art, les nouveaux visages peinent à faire leur place. À Hong Kong, on trouvera plutôt des grosses galeries, des grands noms… Si on compare Hong Kong à Paris, à Paris il y a une diversité d’artistes. À Hong Kong c’est plus difficile. Ce sont souvent les mêmes artistes qui reviennent et sont valorisés."

Covid et scène artistique

Cette année, malgré la Covid, Baptiste réussit à mettre sur pied une exposition avec l’artiste Bao. Figure montante de l’art urbain, l’exposition de la jeune Hongkongaise fait un carton plein.

 

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En 2020, en plein Covid, l'artiste Bao a été mise à l'honneur par Baptiste - Photo@L'Epicerie Fine HK

 

Quelques semaines plus tard, c’est avec le French May, que Baptiste collabore. "Le French May a été une opportunité pour moi. Je les ai contactés à la dernière minute et en l’espace de deux semaines, nous avons pu organiser une exposition, ce qui a permis de toucher une cible différente, d’avoir un public qui ne nous connaissait pas encore."

Pour la suite, Baptiste est optimiste et fourmille de projets en tous genres. "Prochainement, nous allons collaborer avec un atelier d’imprimerie hongkongais qui fait des publications sur du papier de qualité en éditions limitées. Puis, en octobre, une exposition devrait avoir lieu avec un graffeur local pur et dur…"

L’année prochaine, si tout va bien, ce sera l’artiste Ernest Chang qui présentera son travail sur les murs de la Stallery, suivi par quatre autres expositions, avec des artistes français.

 

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