Un groupe de réflexion (think-tank) basé au Japon a révélé que, alors que la plupart des Vietnamiens pensent appartenir à la classe moyenne, le nombre de personnes entrant dans cette catégorie selon leurs revenus ne représente pourtant que 50% de la population.
Est considéré comme appartenant à la classe moyenne, toute personne dont les revenus annuels se situent entre 5,000 USD et 35,000 USD. Au Vietnam, près de la moitié de la population rempli ce critère selon Hakuhodo Institute of Life et Living ASEAN (HILL ASEAN).
Pourtant, d'après une enquête menée par HILL ASEAN, c'est 96% de la population vietnamienne qui affirme appartenir à cette catégorie, sans prendre en compte leur revenu réel. L'étude menée par HILL ASEAN a enquêté sur les habitudes, les revenus et dépenses ainsi que le mode de vie des habitants de cinq villes de l'ASEAN : Ho Chi Minh Ville, Singapour, Kuala Lumpur, Bangkok et Jakarta.
L'écart entre ces chiffres (classe moyenne selon les revenus et classe moyenne selon la perception de chacun) est plus important au Vietnam que dans les autres pays de l'Asie du Sud-Est également mentionnés dans cette enquête.
Par exemple, à Singapour 45% de la population appartient à la classe moyenne mais 85% des Singapouriens disent y appartenir, en Malaisie ils sont 46% contre 79% et en Indonésie 56% contre 72%. Enfin, la Thaïlande présente beaucoup moins d'écart entre ces deux chiffres avec 72% contre 80%.
Comment expliquer que des personnes déclarent appartenir à la classe moyenne tout en possédant des revenus qui ne rentrent pas dans cette catégorie ?
Souvent, la perception personnelle d'appartenir à une catégorie ne se déduit pas selon le salaire, mais plutôt selon le train de vie. Ainsi, des personnes avec des revenus inférieurs mais dont le train de vie est confortable se considèrent de la classe moyenne, tout comme des personnes avec des revenus supérieurs mais qui n'atteignent pourtant pas le train de vie désiré.
Cette étude met en lumière le fait qu'une grande partie de la population en Asie et plus particulièrement dans les pays ASEAN, se considèrent comme appartenant à la classe moyenne sans prendre en compte leurs réels revenus.
Cela conduit à l'émergence d'une «classe moyenne homogène», où un groupe trouve des solutions selon le train de vie souhaité en jonglant entre ses revenus et ses dépenses, sans considérer son revenu moyen, selon Ann Liew, responsable de la planification stratégique chez HILL ASEAN.
Cette tendance de «classe moyenne homogène» reflète un changement majeur de la société. On passe alors du « vivre selon ses moyens » à « trouver des solutions pour vivre selon ses désirs ». Une belle leçon de vie en somme.
Pauline Grall (lepetitjournal.com/Hochiminhville) 23 Mars 2016