Sylla Laraque, dont le fils a été marié à la fille du président d'Haiti, Salomon, quitta le pays et n'y revint jamais. Il nait en 1850 dans la ville de Jérémie. À l'âge de 13 ans, il travaillait déjà pour un exportateur de café. Son patron, sans héritier, lui laissa l'entreprise et dès l'âge de 19 ans, il fonda la sienne propre appelée «Société S. Laraque » au Cap-Haïtien. Il constitua une fortune importante dans le commerce et procéda à d'importantes opérations financières avec le gouvernement haïtien.
Dès 1884, lorsque la population eut atteint un million et demi de personnes, il commença à affronter des ennuis judiciaires venant du général Nord Alexis. Ce dernier, très puissant, allait même devenir président d'Haïti. Cela lui fit mettre, malheureusement, un terme à ses activités commerciales qui progressaient grâce à la croissance rapide de la population. Néanmoins, il fut obligé de quitter le pays en Mars 1885. Le petit-fils du général Philizaire se réfugia en France et en l'an 1900, à l'âge de 50 ans, il était déjà considéré comme étant la troisième fortune de France.
Il possédait plusieurs résidences à Neuilly, Paris et dans ses régions, notamment, le château de Monchy-Humières dans l'Oise. Il était connu pour avoir une curiosité insatiable, il s'est intéressé à la finance, à l'industrie, à l'agriculture, à l'immobilier, à l'aviation et à l'éducation, entre autres choses.
Il attribuait souvent des bourses à de jeunes Haïtiens étudiant en France et sa fascination pour les nouvelles techniques le rendra célèbre, encore plus que sa grande richesse. Il eut en effet l'occasion et la gloire d'aider à faire avancer l'aviation dans le monde, mais peu d'haïtiens le savent.
En marchant une journée sur le rivage de la ville de Saint-Lunaire, près de Saint-Malo, il trouva l'endroit charmant et décida d'y installer sa résidence d'été. Très vite il transforma la ville qui n'était lors qu'une modeste station. Il y fit ériger un port, construisit un casino, un grand hôtel, une centrale électrique et une usine à gaz. Il finança la construction de la mairie et le bureau de poste. Il construit également 21 villas qu'il offrit à ses nombreux enfants. Sylla n'était pas seulement un homme riche, il était également à la tête d'une grande famille. Il conçut respectivement au cours des années avec ses 7 conjoints ou compagnes pas moins de 24 enfants. Il mourut à l'âge de 74 ans et fut enterré dans le cimetière parisien du Père-Lachaise, où certains de ses cousins, aussi riche qu'il l'était, avait leurs sépulcres.
Sylla était le propriétaire de navires de commerce comme la "Lozama» qu'il utilisait pour distribuer son café au Havre. Il possédait notamment, des vignobles en Tunisie.
Grâce à lui, la ville de Saint-Lunaire bénéficia de l'électricité 22 ans avant toutes les proches communes dont Saint-Malo, où de nombreux colons français s'embarquèrent pour Saint-Domingue pendant le temps de l'esclavage. Il fallut un de leurs descendants, rajeuni avec du sang africain pour moderniser la région et tracer la voie à la modernisation.
Un auteur inconnu rédigea la rencontre à Paris de Louis Blériot, le célèbre pilote et du riche entrepreneur haïtien.
Afin d'amuser son époux, Alice, épouse de Blériot, raconta à son mari l'anecdote de sa rencontre avec le riche planteur, où elle se trouvait être l'héroïne. J'ai sauvé un petit garçon au moment exact où il tombait d'un balcon. La chute était de plus de 30 pieds affirmait Mme Blériot. Louis sourit: Qui est donc ce garçon? Elle répondit qu'il était un petit mulâtre aux cheveux frisés, fils de Monsieur Laraque et neveu des Saint-Jacques. Les Laraque sont les propriétaires de riches plantations en Haïti et possèdent le plus bel hôtel sur le boulevard Maillot disait-elle.
Sans la vigilance d'Alice, le bébé ne serait pas plus qu'un corps brisé. Avec malice, Louis saisit cette occasion pour ajouter: -Vous voyez que les enfants sont parfois plus négligents que les adultes. Alice savait l'entêtement de son mari et refusa de s'engager dans une dispute. Tout en laissant le bureau de son mari, elle mentionna tout simplement: Il semble que Monsieur Laraque est fasciné par l'aviation.
Blériot n'avait pas pu terminer ses efforts dû au fait que, après un accident, il fut contraint à l'immobilisation à sa résidence. Pendant plusieurs jours, il dût s'appuyer sur des béquilles pour marcher. Bien qu'il n'avait pas l'habitude de lire, ce soir-là, il alla à sa bibliothèque, choisit un livre d'aéronautique et se confina dans son bureau.
Soudain quelqu'un frappa à la porte. Averti de l'accident, Sylla Laraque tenait à remercier Alice de son geste héroïque. Il avait entendu parler de Blériot et avait admiré son accomplissement. Les deux hommes dès leur première rencontre s'entendirent très rapidement: - Je vous souhaite un prompt rétablissement, lui dit Laraque. Vous devez retourner à voler rapidement. Après avoir remercié le riche planteur, l'aviateur lui fit quelques confidences: - Hélas! Ce serait une grande victoire pour moi de traverser la Manche par exemple, dans le but pour moi d'informer le public au sujet de mes efforts. Touché par le récit de Blériot, Laraque intervint: - Je ne peux pas faire grand-chose pour votre santé, néanmoins, je suis en mesure de vous aider sur le plan financier. Blériot expliqua sa situation: - J'ai passé le premier de ce mois, un contrat de 200 000 francs avec Anzani qui m'a offert les droits exclusifs pour la production de ses moteurs. Ainsi, pour développer ce marché, il est nécessaire pour moi d'être couronnée de succès. La traversée de la Manche et en cas de réussite me garantirait un énorme contrat. Si je veux y participer, je devrais me livrer à de grosses dépenses et je n'arrive pas à trouver les fonds et ceci depuis quelques mois: il faudrait que j'envoie une équipe pour le transport de l'équipement. C'est la raison pour laquelle je suis à la recherche de nouveaux bailleurs de fonds. Comme pour convaincre son interlocuteur, Blériot ajouta avec un air triste: - Je ne suis même pas capable de payer le moteur de mon avion modèle. L'aviateur changea, son visage révélant son désespoir. Il montrait naturellement la réserve qui le caractérisait. Laraque ne trouva rien à dire. Renversé, il murmura: ne cherchez plus des créanciers, Je vous offre le financement afin de tenter votre chance. Nul besoin de me rendre l'argent, je fais un investissement dans votre entreprise. Il signa un chèque à Blériot. La joie de l'aviateur fut énorme. ? Signez-moi simplement une promesse ajouta Laraque. Enchanté, Blériot exultait: - Vous aurez la moitié du prix du Daily Mail si je gagne! Les hommes se serrèrent la main, ravis de leur accord. Une heure plus tard, seul dans son bureau, Blériot appela son ami Alfred Leblanc, membre de l'aéro-club de France, Leblanc l'année précédente avait affronté Antoinette.
Blériot lui confia ses projets: - Je vais vous inscrire pour le Prix du Daily Mail. J'ai besoin de votre aide à cause de ma mauvaise condition physique et je vous demande de tout organiser pour moi. Leblanc fut submergé de joie. Bien sûr, il avait toujours promis a Blériot de l'aider le jour il se lancerait à la conquête de la Manche mais, connaissant son handicap physique, il hésitait: ¬ Il reste beaucoup de vols historiques à accomplir.
Cependant, Blériot obstiné s'opposa à tous ses motifs. Convaincu par cette volonté forte, Leblanc donna son consentement pour la préparation de la fameuse traversée: -Je vais aller voir Anzani et préparer le départ du monoplan.
Une bonne organisation est la condition essentielle de la réussite. Blériot se précipita dans la pièce où Alice, son épouse, était occupé à ses travaux de ménage. Il partagea son projet avec son épouse. « Cela fait longtemps que le destin ne nous a pas sourit», pensa Alice. Même si elle avait très peur, son souhait unique était de voir son mari heureux. Elle savait que dès l'instant où son mari s'installerait derrière les commandes de son engin en direction de l'Angleterre, il le serait.
Tôt dans la matinée du 20 Juillet, tout Paris était au courant du projet de Blériot. Les spécialistes suivaient l'évolution du jeune Latham et l'inscription d'un second candidat. Ce défi les excitait de plus en plus. Ce qui suivi est bien connu: Blériot sera le premier homme au monde à traverser la Manche à bord d'un avion!
Artouest nous révèle qu'a la fin du siècle dernier, (19eme) le village (Saint-Lunaire) se transforma en station balnéaire, sous l'impulsion d'un richissime Haïtien, Sylla Laraque. Il dota Saint-Lunaire d'un palace avec casino, d'une usine électrique et de court de tennis encore réputés de nos jours. Plusieurs personnalités, la Reine de Roumanie, des hommes de lettres, des peintres, des artistes passèrent ou séjournèrent à Saint-Lunaire. On peut citer entre autres, Emile Bergerat, Victor Hugo, Jules Verne, Jean Richepin ou encore Ève Lavallière. De cette époque subsistent de superbes villas de style balnéaire.
(www.lepetitjournal.com/haiti) mardi 9 février 2015