Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

ÉTUDIANTS – Le blues du retour à la « vie d’avant » après une expérience à l’étranger

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 2 mai 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

Que ce soit pour un semestre ou pour un an, de plus en plus d'étudiants français, encouragés par leurs écoles, partent étudier à l'étranger. Si les départs, synonymes d'aventures et de dépaysement, sont généralement bien préparés, les retours le sont paradoxalement beaucoup moins. Quoi de plus naturel que de retrouver son « chez soi », ses habitudes et son quotidien ? Pourtant le « choc culturel » attendu ne se produit peut-être pas dans le sens qu'on imagine ? 

Entre 2004 et 2014 le nombre de jeunes partis étudier en dehors de nos frontières est  passé de 46.691 à 78.758 par an. Après quelques mois loin de France, le retour n'est pas si simple.

The Beacon, journal rattaché à l'Université de Portland aux Etats-Unis, s'est penché sur la question. À son retour de l'étranger, l'étudiant passerait par différents stades. D'abord le stade de la tristesse, de quitter ce qui était devenu une nouvelle maison, puis celui de l'enchantement de retrouver son « vrai » domicile, de pouvoir se coucher à nouveau dans son « propre lit », et puis surtout de revoir des « visages familiers ». Enfin, viendrait la frustration. Celle de ne pas se réhabituer aussi vite qu'on le pensait aux vieilles habitudes laissées derrière soi au moment du départ.

Un temps suspendu

Même si tous les étudiants ne passent pas nécessairement par ces différents stades, une majorité de ceux que nous avons interrogés pour évoquer ce sujet, nous parlent tout de même d'un certain « décalage » au moment de leur retour à la vie « normale ». Pour Célia, qui parle de son année à l'Université de Perth comme « une des plus rythmées, et enrichissantes, de (ses) études », le retour en France a été « ambigu ». Trop vite retombée dans la « routine, et mes petites habitudes, j'avais l'impression que c'était une parenthèse dans le reste de mes années d'études, et que je n'étais jamais vraiment partie ».

Période particulière où l'on sait que le temps est compté : « il faut en profiter pour faire autant de choses que possible. On a le sentiment qu'il ne faut pas perdre un instant ». Anne, partie en Italie, partage ce sentiment : « on essaye de faire le maximum de choses, ce qui rend généralement notre échange encore plus intense ».

Le temps paraît comme suspendu toute la durée de l'échange. Les contraintes sont loin, et les enjeux différents. Tout est toujours nouveau, on apprend tous les jours, et « surtout, comme on a conscience que cette période est provisoire, on est peut-être plus réceptif à ce qui nous entoure, plus curieux. J'ai l'impression que notre état d'esprit est différent, sans doute plus ouvert que d'habitude. C'est un contexte un peu particulier. Ce qui est difficile finalement quand on rentre, c'est de se rendre compte qu'on a un peu changé et puis de constater qu'on revient dans un "monde" où pour le coup rien n'a vraiment bougé » ajoute Mathilde, partie au Canada.

Qu'est-ce qui a vraiment changé ?

En sortant de leur « petit confort », en cherchant à s'adapter à tout type de situations, ou mode de vie, Anne et Célia ont développé de nouvelles compétences. Des « compétences linguistiques », mais aussi des « capacités d'adaptation » et « forcément ça aide quand on doit s'intégrer dans une nouvelle équipe de travail par exemple, ou un nouveau groupe d'amis » précisent-elles.

Ariane, partie pendant trois ans, elle aussi au Canada, affirme avoir « élargi ses horizons pendant cette période » et être revenue « différente et changée ». « À mon retour à Paris, je n'avais plus les mêmes centres d'intérêts que mes amis. J'étais un peu en décalage ».

Le retour à la réalité, et le fait de « reprendre un rythme français » peut, dans ces conditions, ne pas paraître très grisant, et être plutôt vécu comme quelque chose « d'un peu compliqué » voire de carrément « ennuyeux » !

Pourtant certains réussissent parfois à y échapper. C'est le cas de Damien. « J'ai eu peur de ce blues du retour, beaucoup de mes amis m'en avaient parlé. Je n'avais plus du tout envie de rentrer en France. J'avais envie de continuer à voyager ! Revenir dans le quotidien me paraissait déprimant. À la fin de mon année à Tromsø, (en Norvège, ndlr) je suis parti voyager en Asie, et ne suis rentré en France que 12 ans plus tard ! » 

Une future vie d'expat ? 

Pour beaucoup d'entre eux, le fait d'avoir pu partir étudier à l'étranger, c'est comme d'avoir ouvert la boîte de Pandore. Le virus du voyage s'est installé et ne semble pas près de les quitter. « Maintenant j'ai envie de partir en Amérique du Sud pour apprendre l'espagnol et surtout pour y travailler dans le domaine du vin, nous raconte Anne. La Nouvelle-Zélande m'attire aussi. En tout cas je suis contente d'avoir pu vivre en Italie ou en Australie, j'aurais vraiment regretté de ne pas l'avoir fait ».

Damien qui lui, vient juste de rentrer en France après plus de 12 ans de vie à l'étranger plaisante en disant que finalement ce « retour c'est un peu comme une nouvelle expatriation ». Il réapprend la vie à la française.

Célia quant à elle, est en train de préparer son prochain départ : elle vient de décrocher « un stage de 6 mois à Bogota » et n'envisage pas de passer ses premières années dans le monde du travail en France.

Noémie Choimet (www.lepetitjournal.com) mercredi 3 mai 2017. 

logofbinter
Publié le 2 mai 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

Flash infos