Lancés en 2013, les Ambassadeurs en Herbe opposent les élèves des établissements français à l'étranger à travers des débats. La finale s'est déroulée mardi et mercredi au siège de l'UNESCO à Paris. Cette année le thème était : "Etre touriste, ça s'apprend ? Découverte, responsabilité et partage". Une réflexion citoyenne sur les voyages à l'étranger, dont on a trop souvent regretté qu'ils soient synonymes d'irrespect et de mauvais comportements. Retour sur deux journées de joutes oratoires.
Après les thèmes de l'égalité homme/femme puis du climat, le tourisme responsable a été choisi comme sujet par l'AEFE (Agence pour l'Enseignement français à l'étranger) organisateur des Ambassadeurs en herbe. 15.000 élèves de 101 écoles, collèges et lycées français de l'étranger ont participé à cette simulation onusienne. Les joutes ont débuté au sein même des établissements en septembre dernier, pour voir ensuite s'affronter les établissements entre eux. Après des exposés individuels, des débats ainsi que des synthèses de leurs échanges, les finalistes ont débattu les 12 et 13 mai dernier à Paris. Les joutes se sont faites en français, ainsi que dans les langues des pays d'accueil. Les synthèses des débats étaient quant à elles en anglais, ce qui suppose de la part des élèves une bonne maîtrise d'au moins trois langues.
Ce projet pédagogique de médiation linguistique et culturelle est d'autant plus important si l'on considère que tous les élèves ayant débattu sont les citoyens de demain, ceux en qui nous fondons nos espoirs. Hélène Farnaud-Defromont, directrice de l'Agence, a salué la performance des 50 ambassadeurs ainsi que la qualité de leurs échanges.
« Le tourisme doit être accessible à tous, durable et responsable », Andréa, collégienne au Pérou
Le ton est donné. Le thème du tourisme responsable est particulièrement d'actualité alors que des comportements inappropriés de voyageurs étrangers ont été pointés du doigts récemment dans différents médias. Comment faire en sorte que le tourisme soit respectueux des personnes, des monuments et de la nature ? Juan, écolier du Portugal se plaint notamment de la facilité avec laquelle les touristes jettent leur déchets par terre et non dans la poubelle, « ils ne font pas ça chez eux, dans leur rue », pense-t-il. Pour Lune, collégienne en Allemagne, « faire attention à sa planète, c'est aussi faire attention aux autres ».
Dans l'optique du COP21, conférence qui aura lieu à Paris en décembre 2015, une attention particulière a été portée au respect de l'environnement. Une conférence s'est d'ailleurs tenue sur le sujet du tourisme durable, animée par Julien Buot, directeur de l'association Agir pour un tourisme responsable. Il prône « l'implication des populations locales afin qu'elles ne soient plus spectatrices mais actrices du tourisme ».
Donner la parole aux citoyens de demain
Donner la parole aux jeunes constitue une réelle opportunité d'apporter à des débats déjà existants des idées nouvelles, ainsi qu'un regard neuf. Les participants, malgré leur jeune âge, restent très lucides sur la situation actuelle. « Le tourisme de masse pose problème car il a des effets secondaires. La bétonisation détruit le patrimoine de notre pays » dit Skander, élève de 10 ans à Tunis. Il participe aux Ambassadeurs en Herbe sous les conseils de ses professeurs, compétition qu'il a beaucoup appréciée car il l'a préparée avec ses amis. Il souhaite devenir polytechnicien mais avoue que cette simulation onusienne lui a peut-être donné envie de faire de la politique. Il ajoute d'ailleurs que « si les petites actions se multiplient, on peut faire en sorte que le monde soit plus propre demain »
« Nous sommes tous citoyens du même monde » rappelle Lune, collégienne en Allemagne
Pour la première fois, une table-ronde s'est tenue avec 10 des 50 ambassadeurs. Ils ont débattu autour de questions telles que "le tourisme est-il un facteur de paix ?" Ou encore "faut-il limiter le nombre de touristes pour préserver les monuments ?" Chacun est ensuite venu à la tribune proposer une résolution pour la Charte du Touriste Responsable. On retrouve par exemple l'idée d'un label garantissant le bon traitement du personnel des hôtels, ainsi que la garantie que leur consommation d'eau est raisonnable et qu'ils recyclent leurs déchets. Est proposé également la création d'un journal afin d'informer les futurs touristes sur les possibilités de tourisme durable et/ou responsable, comme l'idée d'une règle visant à ce que les hôtels favorisent la consommation des produits locaux. On retrouve aussi l'idée de former des ambassadeurs du tourisme pour informer les voyageurs.
Pour clôturer l'évènement, Philippe Le Guillou, Inspecteur Général de l'Education Nationale, s'est exprimé au côté d'Hélène Farnaud-Defromont. En plus de féliciter les jouteurs, il a souligné cette « belle conciliation entre plaisir d'échanger et la qualité des débats s'étant tenus ». Un cocktail s'est ensuite tenu dans une ambiance conviviale dans les locaux de l'UNESCO. Un évènement couronné de succès, qui nous laisse impatient de découvrir les participants de la prochaine édition.
Mélanie Volland (www.lepetitjournal.com) jeudi 14 mai 2015