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Violences à Dakar : les Français sur place témoignent

Depuis la condamnation du principal opposant sénégalais, Ousmane Sonko, à deux ans de prison pour “corruption de la jeunesse”, Dakar est en proie à une escalade de violences qui a déjà fait 16 morts. Entre écoles fermées, coupures Internet et confinement, les Français de Dakar nous font part de leur désarroi. 

Ville de Dakar en proie à des violencesVille de Dakar en proie à des violences
Écrit par Sophie Sager
Publié le 13 juin 2023, mis à jour le 14 juin 2023

Le 1er juin, le verdict fut sans appel : Ousmane Sonko est condamné à deux ans de prison le rendant inéligible pour les prochaines élections présidentielles sénégalaises en 2024. Coup dur pour le principal opposant de Macky Sall, actuel président du Sénégal. Coup dur également pour une large tranche de la population et notamment les jeunes de moins de 35 ans qui soutiennent un bon nombre de ses idées.

 

 

Une vie de chaos depuis quelques semaines

Lorsque l’on demande aux Français présents à Dakar de nous informer sur la situation sur place, ils sont tous assez unanimes. “Le maître mot est la vigilance” commence par nous dire une utilisatrice du groupe Facebook “Les Français à Dakar”, qui a préféré rester anonyme. Bien que les tensions soient redescendues depuis ce week-end, “les premiers jours ont été difficiles surtout que nous habitons près de l'université qui était un haut lieu d'émeutes. On entendait des détonations de lacrymogènes toute la journée” continue Marion, une autre internaute. Une troisième française, Aurélie, ajoute à ces propos “la situation à été difficile la semaine dernière, les gaz lacrymogènes se faisaient sentir dans tout Dakar. Les écoles s’adaptent et sont encore fermées, internet a été coupé mais est finalement revenu. Beaucoup de boutiques et de stations essence ont été pillées, détruites… Quant au travail, tout tourne au ralenti, nous n’avons pas plus d'instructions de nos entreprises.

 

D’après leurs propos, les familles françaises restent enfermées chez elles et sont assez claires sur un point : “nous n’avons pas peur du tout d’être attaqués dans notre maison”, insiste Marion. Aurélie, elle, ajoute tout de même que sa famille reste vigilante et qu’ils ont fait des provisions “au cas où”, même s’il n’y a pas d’antécédents tels au Sénégal. 

 

Sentiment de solitude pour les Français de Dakar

Le plus difficile c'est l'incertitude! Nous avons le sentiment de naviguer à vue. Les médias locaux n'expliquent pas, comme en Occident, les multiples possibilités que nous avons.” témoigne Marion.

Lorsque interrogés au sujet des instructions françaises ou de l’aide que pourrait leur apporter la France, là encore un sentiment généralisé, plutôt négatif cette fois. Marion fait part du sentiment d’être laissée de côté: “Je suis indignée! Les messages sont "bateau". Soit disant pour se protéger, ils disent d'éviter les lieux de rassemblement sans donner d'infos sur les lieux en question. Aucune information donc aucun numéro dédié, aucun message d'encouragement. On se sentait (ndlr: lors des pics de violences) seuls et abandonnés”. Plusieurs autres messages que nous avons reçu corroborent ce témoignage: “Pour ce qui est de la communication en dehors des sempiternels messages identiques à la virgule près, sms ou mails, on a un peu l’impression que rien n’est sous contrôle” explique une Française présente à Dakar qui a préféré rester anonyme. 

 

Les Français expatriés à Dakar sont néanmoins indécis quant à un potentiel retour en France. D’un côté, Marion nous explique que même si “la coupure de 4G et des réseaux sociaux a été très difficile me concernant, coupant les liens avec les amis et renforçant le sentiment d'isolement et de non information, nous n'avons pas pensé à rentrer. Nous avons eu moins peur que durant les émeutes de mars 2021.” 

 

D’un autre côté, Aurélie indique : “nous sommes beaucoup d’expatriés à se poser la question sur un retour en Europe. La plupart d’entre nous, rentrons pour l’été en Europe et nous nous demandons si on ne doit pas avancer notre départ. Nous sommes dans l’attente.

 

Néanmoins, les témoignages s’accordent pour dire que “la situation est à nouveau très calme depuis le week-end dernier”, même si les informations sont reçues “au jour le jour”.
 

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