Le Petit Journal a rencontré Stéphane Bern lors de son passage à Phnom Penh dans le cadre d’une mission de diplomatie initiée par le Quai d'Orsay. En tant que fervent défenseur du patrimoine, il partage avec nous son point de vue sur l’importance capitale de préserver les héritages culturels et patrimoniaux dont nous sommes les dépositaires.
Célèbre journaliste et animateur de télévision, Stéphane Bern est un fervent défenseur du Patrimoine mondial, comme en témoigne sa visite au Cambodge. En 2017, le président français Emmanuel Macron lui a confié une mission “ Patrimoine en péril’. Il fut chargé d’établir une liste de monuments à sauvegarder d’urgence. Il devint alors l’ambassadeur du patrimoine et œuvre à sensibiliser les Français sur l’importance de sa préservation. Pour financer ce projet, il eut recours à une idée innovante : le loto du patrimoine, qui est devenu depuis un événement annuel.
“Nous sommes tous dépositaires du Patrimoine mondial”
Toutefois, Stéphane Bern ne se veut pas être uniquement le chantre du patrimoine français, il se place aussi en faveur d’une défense du Patrimoine mondial. Sa venue au Cambodge s’inscrit dans cette démarche. “Il est important de sensibiliser les Français aux trésors patrimoniaux d’autres pays, tels que ceux du Cambodge”, soutient-il, laissant entendre qu’il est de notre responsabilité à tous de préserver le Patrimoine mondial.
Séduit par le Cambodge
A observer son sourire éclatant lorsqu’il évoque ces quelques jours passés dans le Royaume, il ne fait aucun doute que le journaliste a pleinement savouré son voyage. Il évoque avoir été séduit par l’art de vivre khmer, la simplicité des échanges et le profond respect imprégnant la culture locale. Et aussi par l’art culinaire cambodgien qu’il découvrait : “ Je suis un amok compatible” dit-il sur le ton de la plaisanterie.
En posant ses bagages au Cambodge, Stéphane Bern se devait d’aller découvrir l'exceptionnelle cité angkorienne, une visite qui l’a profondément marquée. “Lorsque j’ai visité les temples, j’ai ressenti un choc, similaire à celui que j’avais éprouvé en visitant le temple d’Abou Simbel en Egypte”. “J’ai été frappé par la qualité de certaines œuvres notamment du temple de Banteay Srey, datant du 9ème siècle et je me suis senti comme Indiana Jones lors de ma visite de Beng Mealea aux côtés d’Olivier Cunin” nous confie-t-il.
Comment restaurer le patrimoine matériel ou immatériel cambodgien ?
Il a été accompagné durant ses visites par divers acteurs impliqués dans la sauvegarde du patrimoine cambodgien, parmi lesquels figuraient des membres de l'autorité APSARA et du World Monument Fund. Ces spécialistes, également engagés dans la défense du patrimoine, lui ont partagé leurs réflexions, leurs défis et leurs espoirs.
“J’ai eu l'opportunité de rencontrer des gens qui ont une expertise sur l’art, sur l'histoire de l’empire khmer, et sur le génie humain au IXème siècle”.
Si Stéphane Bern félicite le travail titanesque qui a déjà été entrepris par de nombreux organismes, il pense qu’il est crucial d’encourager davantage la participation des Français à la préservation du patrimoine cambodgien. “J’ai eu la chance d’avoir une audience avec sa majesté le roi Norodom Sihamoni et avec la reine mère qui ont soutenu ce projet”.
“Notre identité se trouve dans le patrimoine”
Soucieux de sensibiliser un maximum de personnes à la préservation du patrimoine, Stéphane Bern a tenu une conférence à l’Institut français le 7 novembre dernier. Au cours de cette intervention, il a fortement souligné que notre identité est étroitement liée au patrimoine, qu’il soit matériel ou immatériel.
Ici, au Cambodge, tout comme dans de nombreux pays, la fierté de posséder des monuments est manifeste.
“Le Cambodge est le seul pays qui a un monument du Patrimoine mondial sur son drapeau” s'émerveille Stéphane Berne, cela prouve l'importance qu’il revêt pour les Cambodgiens, Il s'agit-là “ de l’âme du Cambodge”.
Comparant le patrimoine à une plante, il souligne : “ Si vous ne l’arrosez pas, il meurt. Il faut alors l’entretenir, le valoriser, c’est ce qui amènera un tourisme raisonnable et raisonné”.
Lors de ses échanges avec les autorités nationales ASPARA et Madame Phoeurng Sackona, Ministre de la Culture, Stéphane Bern a partagé son point de vue sur la gestion touristique des sites protégés. “Soit vous faites un tourisme de masse qui abîme le patrimoine et n'apporte rien en devise au pays, soit vous faites un tourisme de qualité qui rapporte et respecte cet héritage” lui a-t-il dit.
Quant au patrimoine immatériel, Stéphane Bern souligne que : “ Sa pérennité dépend de la bonne volonté des gens”.
La contribution des Français de l’étranger à la préservation du patrimoine français
Interrogé sur l’engagement des Français résidant à l’étranger sur la préservation du patrimoine national , Stéphane Bern répond que la distance ne doit pas être une excuse. En effet, les Français ont selon lui raison de promouvoir le patrimoine de leur pays natal. “ La France reste le pays le plus visité au monde et nos villages vivent grâce à leur patrimoine. 52% du patrimoine français se trouve dans des communes de moins de 2000 habitants. Parler de notre patrimoine c’est d’abord faire la promotion de votre ville, de votre village, de votre région. Et si certains souhaitent activement aider, ils peuvent prendre contact avec la mission Bern”.
Selon lui, nous véhiculons l’image de notre pays : “Chaque français de l’étranger porte un peu de notre drapeau et doit se sentir responsable de la France. Aux yeux de ses voisins, de ses amis, de ses collègues de bureau, il représente le pays”.
Après avoir exploré le Royaume pendant plusieurs jours, Stéphane Bern s’est déclaré enchanté et fasciné par les multiples rencontres, découvertes et par l’enthousiasme des professionnels passionnés. Alors qu’il rentre en France, il nous laisse ce message : “J'invite tous les Français de l’étranger à défendre notre patrimoine et à me joindre dans cette croisade qui ne cessera jamais” .
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