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Paloma Ya Ya: La mode au service du tissage traditionnel birman

Paloma Ya YaPaloma Ya Ya
Écrit par Lepetitjournal Birmanie
Publié le 12 février 2017, mis à jour le 26 octobre 2018

Sandie Guitart n'a pas seulement le style, elle a aussi du flair. Venue en Birmanie pour l'attrait du pays et le légendaire sourire de ses habitants, cette entrepreneuse du Sud de la France a su faire souffler un vent  nouveau sur le textile traditionnel local en lançant une nouvelle marque de vêtements : Paloma Ya Ya. 

Quel est le concept qui se cache derrière Paloma Ya Ya ?
Sandie Guitart - Je suis arrivée au Myanmar il y a deux ans et demi pour lancer ma marque de vêtements, Paloma Ya Ya. Je voulais mettre en valeur les savoirs faire birmans, promouvoir les textiles traditionnels et les montrer autrement qu'à travers les longyis. Pour faire voyager ces tissus j'ai voulu moderniser le traditionnel.
Les produits sont commercialisés depuis un an et j'en suis déjà à ma troisième collection. Quant au nom Paloma Ya Ya, c'est une référence à la Birmanie où les noms sont composés de trois mots. Paloma est un prénom que j'aime beaucoup et qui ? je pense ? pourrait être le prénom de la femme qui porte mes créations. Quant à Ya Ya, il s'agit d'un petit clin d'?il à la ville de Yangon lieu de naissance de mes créations. 

Vos confections se veulent représentative des traditions birmanes. Comment procédez-vous ?
J'utilise par exemple la fibre de lotus. Il faut savoir que le lotus est emblématique en Birmanie ! À sa naissance, Bouddha a fait sept pas et de chacun de ses pas est sorti une fleur de lotus. Le lotus est également lié à la culture populaire car ici la feuille de lotus est utilisée pour emballer le repas du midi, c'est aussi la fleur la plus utilisée pour les donations. C'est de sa tige que l'on extrait les fibres qui seront ensuite tissées. Ce que je regroupe derrière le terme de savoir-faire textiles, c'est surtout le tissage manuel. On confectionne nos pièces sur de grands métiers à tisser. Il y a ceux en bois composés de cadres et actionnés par des pédales. Il y a aussi leurs ancêtres, le métier à tisser qui est maintenu au corps à l'aide d'une ceinture. Ce dernier système a de nombreuses contraintes : on ne peut pas tisser en quantité et la largeur du tissu est assez limitée. Par contre, on peut faire des motifs très complexes car on peut traiter les fils quasiment un à un. C'est important pour moi de conserver les motifs traditionnels, mais je les agence d'une certaine façon et je choisis les couleurs. 

Paloma Ya Ya

Quelle est la place du prêt-à-porter féminin traditionnel aujourd'hui en Birmanie ? 
Les birmans achètent surtout des créations étrangères, peut-être parce que pour eux, c'est ça qui représente la nouveauté? Ils n'ont pas envie de porter des tissus qu'ils utilisent depuis des dizaines d'années. Je pense que ma clientèle est ailleurs, à l'étranger où les savoir-faire manuels représentent une réelle valeur ajoutée sur le produit. En France, par exemple, le fait-main est un vrai plus pour un vêtement. Même si j'ai déjà vendu des pièces à des birmanes, ma clientèle est plutôt étrangère. Dans les touristes, les personnes qui apprécient le plus mes créations sont les Japonais, les Italiens et les Français qui sont sensibles à l'utilisation de fibres naturelles. 

Pour cette clientèle essentiellement étrangère, vos confections sont-elles haut-de-gammes ? 
Le prix est raisonnable par rapport à la fibre utilisée, le lotus. J'ai une collection de base avec des lignes et des tissus simples (60$ à 150$) et une autre plus artisanale avec des tissus et motifs plus complexes, qui prennent plus de temps à tisser (200$ à 600$). Enfin, il y a une ligne haut de gamme, la ligne Lotus (400$ à 1500$). Bien sûr, plus un vêtement est complexe et fort visuellement, plus il sera cher. Il y a plusieurs styles de vêtements, plusieurs gammes pour mes confections et tout le monde peut s'y retrouver. 

Comment voyez-vous l'avenir ?  
Je n'ai pas choisi le secteur le plus facile, mais sans combat, il n'y a pas de signification. Pour moi, cette marque c'est un énorme défi. Aujourd'hui, elle est vendue en Birmanie mais j'essaye, pour l'avenir, de la porter ailleurs. Je travaille aussi sur un e-shop (un magasin en ligne) qui sera accessible au mois de mars. L'objectif est d'ouvrir de nouvelles possibilités à Paloma Ya Ya, en France et en Europe. Sinon, à court terme, il y a la présentation de ma troisième collection : des coloris majoritairement blanc, avec très peu de teintures pour ne pas utiliser de produits chimiques. Il me reste aussi encore beaucoup de savoir-faire à découvrir en Birmanie et j'aimerais répertorier ces savoirs pour repérer qui fait quoi dans le pays.   
La marque Paloma Ya Ya est en vente au Inle Princess resort, Inle Heritage et sur le bateau de croisière du Strand. 

Site : http://www.palomayaya.com
Facebook : https://www.facebook.com/palomayaya



Sata Seck et Pauline Autin

lepetitjournal.com birmanie
Publié le 12 février 2017, mis à jour le 26 octobre 2018

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