Depuis le 13 septembre 2014, le magasin berlinois sans emballage « Original Unverpackt » propose des produits de consommation, stockés dans de grands récipients et vendus au poids. Lepetitjournal.com de Berlin s'est rendu sur place, afin de constater l'avancée de ce concept dans la capitale allemande.
Contrairement aux supermarchés, à l'intérieur du magasin de produits de consommation situé au numéro 16 de la Wiener Straße, il n'y a pas de néon au plafond, pas de chariot à l'entrée et surtout, pas d'emballage racoleur. Cette boutique qui propose des biens en vrac porte le nom d'« Original Unverpackt », un jeu de mot que l'on peut traduire par « non emballé à l'origine » ou « sans emballage d'origine ». Sara Wolf et Milena Glimbovski ont ouvert ce magasin le 13 septembre dernier. Leurs objectifs sont la réduction des emballages ainsi que la lutte contre le gaspillage alimentaire, car, selon l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), les Allemands se débarrasseraient chaque année d'environ 16 millions de tonnes d'ordures et, d'après l'organisation World Wilde Fund (WWF), les emballages en plastique mettraient entre 350 et 400 ans à disparaître.
Karoline est une cliente régulière qui espère contribuer à la diminution des déchets. "Les consommateurs apportent leurs propres contenants vides au magasin, et en cas d'oubli, ils peuvent se fournir en pots réutilisables sur place", explique-t-elle au sujet du fonctionnement de ce magasin.
Vendeur dans le magasin, Ivan Carcano renchérit en expliquant qu' "il s'agit de peser le récipient avant de le remplir, pour que son poids ne soit pas pris en compte au moment de payer". Entre les grands bacs et les bocaux en verre qui proposent toutes sortes de produits en vrac, les clients choisissent eux-mêmes la quantité souhaitée. Tout se vend au poids.
Les produits conservés dans des bocaux en verre, des boîtes ou même des tonneaux, proviennent notamment de la région berlinoise et 95% d'entre eux sont bios. Ils sont livrés dans de grandes cuves qui se trouvent dans la réserve. Leur date de péremption est ostensiblement indiquée aux consommateurs.
Les limites du « zéro emballage »
"En termes de prix, certains produits sont moins chers que dans les supermarchés, d'autres sont au même niveau", assure l'employé Ivan Carcano. À titre d'exemple, pour 100 grammes de riz, il faut compter 0,30 euro ; pour 100 grammes de pâtes « farfalle », il faut débourser 0,39 euros et le litre de vinaigre balsamique coûte 3,99 euros. Johannes vient faire ses courses une fois par semaine à « Original Unverpackt ». "Les prix sont tout à faits corrects", commente-t-il.
Dans ce magasin, les consommateurs peuvent également acheter de l'huile, du vinaigre et autres liquides, comme du savon ou du shampooing qui se trouvent dans des bidons munis d'un robinet. Si depuis l'ouverture d'« Original Unverpackt », quelques nouveaux produits tels que le muesli au chocolat et plusieurs confitures, ont fait leur apparition dans le magasin, certains, qui paraissent essentiels, restent introuvables, à l'instar de la viande ou des laitages. L'objectif des deux propriétaires est d'essayer, à l'avenir, d'offrir tout ce dont le client a besoin quotidiennement. "Pour l'instant, le magasin est un peu trop petit et nous ne pouvons pas tout proposer, confie le vendeur Ivan Carcano, en plus, nous sommes parfois en rupture de stocks, du coup, certains clients doivent attendre une semaine pour pouvoir acquérir ce qu'ils souhaitent". Comme souvent, Alexander s'est rendu à « Original Unverpackt » aujourd'hui pour s'acheter des pignons de pin. Hélas, il n'y en a plus. Mais l'homme d'une cinquantaine d'années reviendra. "Ici, tous les fruits à coques sont meilleurs qu'au supermarché et les prix se valent", insiste-t-il avant de rentrer chez lui les mains vides.
En Europe, d'autres magasins et épiceries ont déjà expérimenté le principe du « zéro emballage », comme « Unpackaged » à Londres qui a été créé en 2007, mais qui, n'étant pas assez rentable, a dû fermer en 2013. Les épiceries « Luzners » à Vienne et « La Recharge » à Bordeaux, où les clients viennent également munis de leurs bocaux, ont ouvert leurs portes l'année dernière.
Une clientèle satisfaite ?
Depuis son inauguration, « Original Unverpackt » connaît un certain succès. Grâce aux médias et aux réseaux sociaux, le magasin reçoit toujours de nouveaux consommateurs ; une dizaine franchit le pas de la porte toutes les heures, même en semaine. "Nous avons des clients réguliers de tout âge qui viennent entre une et trois fois par semaine", souligne Ivan Carcano. Rasmus est un des clients loyaux. "Dès que je me trouve dans les parages, je viens ici, ne serait-ce pour acheter une pomme afin de soutenir le concept", témoigne-t-il.
Parmi la clientèle, se trouvent également souvent des touristes, comme Cynthia, Dominique, Denis et Brandon, un groupe néerlandais en vacances à Berlin. "Nous avons lu un article au sujet de ce magasin dans un journal aux Pays-Bas et nous étions curieux, donc nous sommes venus", assure Dominique. Brooke, une jeune femme américaine vient de s'installer dans la capitale allemande. "Nous voulions voir cet endroit et je trouve qu'il est admirablement bien arrangé", admet-elle.
Une grande partie des consommateurs d'« Original Unverpackt » regrettent d'habiter si loin du magasin. "J'espère qu'ils ouvriront bientôt une deuxième boutique dans mon quartier", annonce Marlène, une cliente résidant au Prenzlauer Berg. Rasmus qui habite à Neukölln renchérit : "Il devrait y avoir ce genre de magasin à chaque coin de rues". Est-ce possible ? "Nous aimerions vraiment ouvrir un deuxième magasin à Berlin, et puis, pourquoi pas dans d'autres villes en Allemagne", affirme l'employé Ivan Carcano qui se fait porte-parole des deux responsables du magasin, trop occupées pour répondre à nos questions.
Julie Wagner (lepetitjournal.com/berlin). Reprise du vendredi 27 février 2015
Savoir plus:
http://original-unverpackt.de/
https://www.facebook.com/OriginalUnverpackt/timeline