Les Français installés à l'étranger sont appelés aux urnes les 4 et 18 juin prochains afin d'élire les députés qui les représenteront à l'Assemblée nationale. Tous les jours jusqu'aux élections, lepetitjournal.com donne la voix à chaque candidat pour qu'il puisse se présenter aux Français d'Espagne. Ils sont 84.730 électeurs à être inscrits sur les listes électorales en Espagne, pour un total de 112.029 électeurs pour l'ensemble de la 5ème circonscription des Français de l'Étranger, correspondant aux citoyens français installés en Espagne, au Portugal, en Andorre et à Monaco.
Aujourd'hui nous rencontrons Samantha Cazebonne, la candidate du parti En Marche! pour la 5ème circonscription des français établis hors de France, le parti du nouveau Président de la république française Emmanuel Macron.
Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?
Samantha Cazebonne : "Je suis née en 1971 à La Rochelle, en Charente-Maritime, où j'ai grandi auprès d'un père chef d'entreprise, d'une mère secrétaire comptable et d'une s?ur, aujourd'hui enseignante d'histoire-géographie. Ma famille m'a inculqué dès le plus jeune âge les valeurs républicaines, notamment de solidarité, mais aussi le goût de l'effort, l'esprit d'entreprendre, le respect des autres et de l'environnement. Ces valeurs je les transmets aujourd'hui à mes enfants. Diplômée en économie, droit et gestion des entreprises, ma vie professionnelle a débuté en tant qu'enseignante dans le secondaire en France (académies de Versailles puis de Poitiers), avant de décider de réorienter ma carrière vers la direction d'établissements. Le concours passé et un Master de management en poche, j'ai alors dirigé deux établissements en France puis deux à l'étranger (au Maroc puis en Espagne).
Ma motivation pour entrer en politique est la même que celle qui m'a accompagnée durant 3 ans au Lycée Français de Palma, le goût du défi et l'idée qu'il ne faut pas céder à la fatalité. Lorsque je suis arrivée à Palma, les personnels du lycée, les parents, les élèves luttaient contre la fermeture de l'établissement qui avait été annoncée. Après les avoir rejoint nous avons défini une nouvelle stratégie et mis en place un certain nombre d'actions concrètes qui nous ont permis de retourner la tendance, d'augmenter de plus de 30% nos effectifs, de sauvegarder les emplois et en créer plus d'une douzaine de nouveaux, mais surtout de garantir aux familles et aux élèves un enseignement français de qualité. Les effectifs étant aujourd'hui tels que nous construisons un nouvel établissement qui ouvrira ses portes en septembre 2018 et qui accueillera 700 élèves et une grande partie de français. Trouver des solutions concrètes pour améliorer la vie de ses concitoyens, n'est-ce pas là un des principaux objectifs de l'engagement politique ? L'engagement d'Emmanuel Macron et la création d'En Marche ! ont achevé de me convaincre que le moment était venu de franchir le pas."
Être députée de la 5ème circonscription, qu'est ce que cela représente pour vous? Quels sont vos liens avec cette circonscription/ avec l'Espagne ?
"Être députée des Français d'Espagne, du Portugal, d'Andorre et de Monaco, c'est d'abord représenter mes concitoyens parmi lesquels je vis et continuerai de vivre pour les cinq prochaines années. Mon foyer est installé à Palma de Majorque depuis laquelle il est plus facile de se rendre à Paris que de nombreux points du territoire français, et qui est également très bien connectée avec les autres villes de la circonscription que j'arpenterai tout au long de mon mandat. De même, deux de mes trois assistants parlementaires seront des Français qui vivent dans la circonscription (le troisième, également issu de la circonscription, travaillera à Paris auprès de l'Assemblée nationale). Ils seront accessibles et à l'écoute du terrain. J'entends également m'appuyer sur le formidable réseau des comités locaux d'En Marche ! qui maillent le territoire de la circonscription et continueront de travailler de façon ouverte et pragmatique à des solutions concrètes aux problèmes que rencontrent nos concitoyens. Enfin, être députée c'est également former un binôme avec son suppléant. J'ai choisi en la personne de Stéphane Vojetta, un suppléant au profil en tous points complémentaire au mien, car je suis convaincue que ces différences mises au service d'un même objectif nous enrichissent et nous permettent de mieux appréhender des problématiques parfois complexes. Stéphane, qui vit en Espagne depuis 14 ans, est un entrepreneur spécialisé dans la finance, là où je suis fonctionnaire, il est président d'association de parents d'élèves quand je suis chef d'établissement, il a animé la campagne d'Alain Juppé dans la circonscription lors des primaires de la droite et du centre, alors que j'ai des convictions politiques issues du centre-gauche? Vous l'avez compris, je ne conçois pas mon engagement sans enracinement ni mécanismes de relais courts et efficaces de remontées des problématiques de la circonscription."
Quelles sont vos 3 priorités/propositions parmi les problématiques concernant les Français vivants à l'étranger (emploi, fiscalité, éducation, culture, représentation, administration...) ?
"Mon programme local comporte cinq axes prioritaires que vous retrouverez sur mon site. Mais puisque vous me demander d'en retenir trois, j'évoquerai l'accessibilité à l'éducation française, la stimulation de l'entrepreneuriat français et la mise en réseau des Français de la circonscription.
Je pense que mon expérience avec le Lycée français de Palma a démontré que non seulement j'étais prête à me battre pour l'accessibilité de l'éducation française à l'étranger mais surtout que cette accessibilité n'était pas forcément une question de moyens mais plutôt d'autonomie et de prise en considération des réalités du terrain. À Palma, nous avons démontré que c'est en partageant une vision stratégique co-construite avec les parents, l'environnement économique et les équipes pédagogiques, en mettant en ?uvre des méthodes de management et de communication plus dynamiques, en permettant de réaffecter les budgets là où l'on en a réellement besoin? que nous sommes parvenus à redresser la situation et à attirer de nouveaux élèves tout en maintenant des frais de scolarité parmi les plus bas de la circonscription. À l'image d'Emmanuel Macron, je suis convaincue des bienfaits de l'autonomie des établissements et de la nécessité de décisions prises en connaissance du terrain, car j'en ai expérimenté les bienfaits.
La deuxième priorité que nous portons, avec Stéphane Vojetta, est la reconnaissance et la stimulation de ce fabuleux réseau d'entreprises et d'entrepreneurs français de l'étranger qui, faute d'être sous statut français et de participer ainsi à la balance commerciale de la France, échappent à tout dispositif français d'aide ou de visibilité. Ils contribuent pourtant au rayonnement de notre pays, de ses formations supérieures, de sa culture d'entreprise? tout autant que des entreprises établies en France et qui ont décidé de s'installer en Espagne. Nous proposons donc un système de labellisation publique dont il convient de définir des critères transparents qui offriraient une visibilité à ces entreprises "françaises" sous statut étranger et leur permettraient de bénéficier des mêmes dispositifs que leurs homologues hexagonales.
Enfin, le troisième grand axe concerne la mise à profit des moyens numériques aujourd'hui à notre disposition pour mettre en réseau les Français de l'étranger et ainsi les rapprocher, quel que soit l'éloignement de leur lieu de résidence d'une grande ville ou d'un centre consulaire. Dans la circonscription, je souhaite que cette plateforme numérique des Français de l'étranger, prévue au programme d'Emmanuel Macron, serve particulièrement, outre la facilitation des démarches administratives : aux solidarités et au rapprochement intergénérationnel entre jeunes retraités souhaitant transmettre un savoir et lycéens et jeunes actifs demandeurs ; à l'identification et à la mise en réseau d'entrepreneurs français, de financeurs, de talents et ressources humaines, de dispositifs d'aide etc. ; au déploiement de la culture française sur l'ensemble de la circonscription, par la mutualisation de moyens, la valorisation et la stimulation des associations FLAM et des initiatives culturelles?"
Quel bilan portez-vous sur l'action du député sortant? Sur quel(s) plan(s) auriez-vous agi différemment ?
"Les 11 députés des Français de l'étranger sortants constituent la toute première génération de députés des Français de l'étranger. Ils ont donc essuyé les plâtres d'une fonction qu'il convenait d'inscrire dans le paysage institutionnel, malgré de nombreuses contraintes par rapport à leurs collègues de l'Assemblée nationale. Depuis mon investiture, je rencontre beaucoup de personnes, d'associations, d'organismes, qu'Arnaud Leroy a accompagné, aidé et soutenu, sans éprouver le besoin de le hurler sur les toits à des fins électoralistes. Il est cependant dommage que ceci ne soit pas assez connu du grand public. Pour ma part, en tant que citoyenne française, et sans être son "héritière" comme j'ai pu le lire parfois, je pense qu'il a ?uvré avec détermination pour la France, en particulier sur les questions maritimes qu'il domine parfaitement bien, et qu'il a fait honneur à son mandat de député de la Nation."
Propos recueillis par Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 1er juin 2017
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