Les Français installés à l'étranger sont appelés aux urnes les 4 et 18 juin prochains afin d'élire les députés qui les représenteront à l'Assemblée nationale. Tous les jours jusqu'aux élections, lepetitjournal.com donne la voix à chaque candidat pour qu'il puisse se présenter aux Français d'Espagne. Ils sont 84.730 électeurs à être inscrits sur les listes électorales en Espagne, pour un total de 112.029 électeurs pour l'ensemble de la 5ème circonscription des Français de l'Étranger, correspondant aux citoyens français installés en Espagne, au Portugal, en Andorre et à Monaco.
Aujourd'hui nous rencontrons Natacha Barral, la candidate du Front National pour la 5ème circonscription des français établis hors de France.
Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?
Natacha Barral : "Française née à Monaco, j'ai passé mon enfance et mon adolescence dans la Principauté, où j'ai reçu cette éducation française que nous défendons. Après un Bac en Sciences Économiques et Sociales obtenu avec mention Bien, je suis partie pour la France où j'ai intégré, à Sophia Antipolis, la SKEMA Business School, une école de commerce ouverte sur le monde qui, en plus d'un diplôme, allait m'offrir la possibilité d'étudier à l'étranger. Après un 1er Bachelor en Gestion, je suis partie pour Londres, à la University of Westminster, où j'ai obtenu un BA(Hons), un bachelor spécialisé, dans la double discipline de Gestion et Gestion des ressources humaines. L'heure du Master venue, mon dossier attira l'?il de l'Université de King's College, et je suis donc restée en Angleterre pour y faire un Master en Politique Publique européenne. Forte de ces diplômes, j'ai rejoint Bruxelles, où j'ai travaillé d'abord comme stagiaire au sein des institutions européennes, avant de rejoindre, en juillet 2014, les équipes des élus du Front National fraîchement arrivés au Parlement européen. J'y travaille toujours, en tant que Conseillère Politique en Emploi et Affaires Sociales, au sein du groupe parlementaire Europe des Nations et des Libertés (ENL). Confrontée au quotidien au rôle de l'UE dans nos vies, et face à la disparition de plus en plus flagrante de tout ce qui fait notre culture, notre identité et notre mode de vie, j'ai décidé de m'engager pour défendre ce en quoi je crois : une France forte dans une Europe des Nations Libres".
Être députée de la 5ème circonscription, qu'est ce que cela représente pour vous? Quels sont vos liens avec cette circonscription/ avec l'Espagne ?
"C'est rendre leur voix aux Français que la vie a poussé à partir. Je suis née et j'ai grandi à Monaco, j'y ai étudié et travaillé, c'est comme ça que je me suis rendue compte à quel point les pouvoirs en place, de gauche comme de droite, nous oubliaient systématiquement. Les grands partis traditionnels n'ont que peu d'intérêt pour les Français de l'Étranger, leurs voix ne comptent pas, sauf quand viennent les élections...
Concernant mes liens avec la 5ème circonscription en particulier, je suis moi-même une Française de la circonscription, et ma famille y réside encore. Donc au sein même de notre circonscription, je suis une ?binationale? Française et Monégasque. Si, comme certains semblent déjà me le reprocher, je n'y réside plus, c'est tout simplement que mes fonctions à Bruxelles m'obligent à y vivre. Comme vos collègues français aiment tant le souligner "quand on travaille au Parlement, c'est mieux de résider à Bruxelles". Mais ma famille réside toujours à Monaco, et j'y fais de fréquents séjours, chaque fois que je le peux. Le sort des Français de la 5ème circonscription me touche donc très personnellement, cela fait 27 ans que cette circonscription est la mienne".
Quelles sont vos 3 priorités/propositions parmi les problématiques concernant les Français vivants à l'étranger (emploi, fiscalité, éducation, culture, représentation, administration...) ?
"Toutes ces problématiques sont particulièrement sensibles, d'autant plus qu'elles sont liées. Mais puisque que je ne peux en choisir que 3, je dirai l'éducation, la fiscalité et la culture. L'éducation, parce que je suis moi-même un pur produit de l'éducation française à l'étranger! Je défends ardemment la nécessité d'une éducation gratuite dans les LFE et pour l'éducation à distance (CNED), mais surtout, je souhaite que le réseau des écoles et des lycées français dans le monde soit renforcé pour valoriser la francophonie, et que les formations que nous recevons dans les établissements à l'étranger soient reconnues en France et en Europe, problème auquel j'ai moi-même été confrontée.
La fiscalité, parce qu'elle ne respecte pas le principe d'égalité face à l'impôt de tous les Français. Pire, le système d'imposition pénalise les Français qui souhaitent garder contact avec leur pays d'origine en y possédant des biens! Je souhaite mettre fin à ces prélèvements sociaux abusifs que l'UE elle-même a condamnés.
La culture, parce que c'est la base de notre identité. Toute personne qui se définit comme "Français de l'étranger" s'établit en tant que Français, en tant que représentant de notre pays, de notre langue, de notre histoire. Contrairement aux propos de notre nouveau Président, la culture, l'identité Française existent. Je la retrouve chaque fois que le mérite de nos vins ou de notre gastronomie est vanté. Je l'entends chaque fois qu'un touriste se félicite d'avoir visité nos villes. Je la ressens chaque fois qu'un étranger est fier de savoir parler un peu notre langue".
Quel bilan portez-vous sur l'action du député sortant? Sur quel(s) plan(s) auriez-vous agi différemment ?
"En regardant les résultats du mandat de notre député sortant, M. Arnaud Leroy, je ne peux que le féliciter de sa participation aux séances : sans doute était-il l'un des députés les plus présents sur les bancs de l'Assemblée. Il est aussi vrai que son action a surtout porté sur les problématiques écologiques et la sécurité maritime. Mes préoccupations sont plus terre à terre, et plus immédiates : de par mon domaine d'expertise, je m'intéresse avant tout aux problèmes liés à l'emploi, à la formation et au social. Je veux ?uvrer pour simplifier les liens entre les Français de l'Étranger et la France : pour ceux qui voudront revenir un jour, ou dont les enfants voudront peut être revenir, je veux m'assurer que leurs emplois, leurs formations, leurs compétences seront pris en compte à leur retour en France. Je veux m'assurer du transfert ou de l'équivalence de leurs droits sociaux. Et pour ceux qui ne reviendront pas, je veux m'assurer que la France ne les pénalisera pas, avec des prélèvements parfois exorbitants et inappropriés. Même si nous l'oublions parfois à cause de la distance, les décisions prises à Paris impactent nos vies et notre avenir".
Quelle est votre réaction à l'élection d'Emmanuel Macron ? Si vous êtes élue, allez-vous soutenir son travail ou être dans l'opposition ?
"Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu'elle ne me réjouit pas. Les Français ont fait le choix de la continuité, nous le respectons. Mais nous avons maintenant un Président qui ne nous rassemble pas, et dont les fausses promesses commencent déjà à se voir. Donner une majorité au Président Macron, c'est lui donner les clés pour brader la France au plus offrant, c'est permettre que notre culture, notre héritage, notre identité, disparaissent sous le joug de Bruxelles.
Le Front National est, et demeure, le premier parti d'opposition. Si je suis élue, j'entends bien ?uvrer pour le bien de nos concitoyens, c'est à dire défendre leurs intérêts, rappeler au Président ses belles promesses de campagne, et toujours m'assurer que notre voix soit entendue" .
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Propos recueillis par Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Vendredi 26 mai 2017
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